Djoti Bjalava est né en Géorgie en 1944. Il pratique la taille directe, s'attaquant à la pierre ou au marbre avec ses pointes, broches, ciseaux et massettes. Ses créations, à la recherche de simplicité et d'authenticité, sont imprégnées des contes et des légendes mythologiques de son enfance. Chez Djoti Bjalava, la sculpture est l’expression d’une vraie philosophie de vie où s’expriment à la fois la douleur et la joie, la fougue et l’harmonie. Ce qui pourrait être, tout simplement, l’esprit de la Géorgie.
Comme Giotto, il gardait les moutons…
Afin de passer le temps, parfois long pour un gardien de moutons, le jeune Djoti Bjalava s'essaie à la sculpture avec des instruments rudimentaires et en puisant son inspiration dans les mythes caucasiens. Il puise son inspiration dans les légendes et la mystique caucasiennes. Découvert par des mécènes, il est envoyé à Moscou pour suivre des études artistiques. Mais très attaché à ses racines, il fait ses études de 1965 à 1974 aux Beaux Arts de Tbilissi. Il part ensuite travailler en solitaire dans les gorges du Caucase où il taille pendant 4 ans des figures monumentales. Il fait plus tard la connaissance du patriarche de Géorgie, Ilya II. L’église orthodoxe lui commande alors des œuvres monumentales. Dans le même temps, il expose à Berlin, Moscou, Tbilissi. En 1991, il rencontre Camille Masson et s’installe en France.
Un profond respect pour le matériau
Les représentations des civilisations anciennes l’inspirent, l’art gothique, en passant par les bronzes d’Ibérie ou d’Etrurie. Il recherche les fondements des archétypes culturels qui jalonnent l’histoire de l’art et contribuent encore aujourd’hui au processus créatif. Mais la tradition est une voie bien plus qu’un procédé. L’interprétation qu’il en fait lui permet de mettre en œuvre un univers plastique original, un langage qui lui est propre. « J'utilise le matériau choisi, exploitant toutes les virtualités de la pierre, de sa texture, de ses coloris explique l’artiste. L'état initial de la pierre est souvent conservé, soulignant son naturel, sa facture, sa densité, son volume; ceci est accentué en utilisant les larges surfaces de pierre brute pour habiller les sculptures. Je la travaille directement de mes mains et sur toutes mes sculptures est immanquablement imprimé le sceau de ce labeur».
La sculpture comme quête spirituelle
Ses animaux n’ont de valeur que s’ils atteignent la symbolique même de leur forme. D’où ce caractère d’intemporalité qui frappe le visiteur. Ses personnages sont rarement présentés en pied. Le visage suffit à exprimer l’idéal humaniste que l’artiste recherche tantôt avec puissance, tantôt avec délicatesse, exploitant là, le lissé de la pierre, révélant ailleurs toutes ses aspérités. Comme si le travail de la pierre nécessitait d’écouter le langage propre à la matière pour en atteindre l’essence et réaliser l’union des contraires : le masculin et le féminin. La sculpture pour Djoti Djalava est de fait une quête spirituelle où l’artiste semble avoir pour rôle de comprendre la matière pour la transmuer en une substance vivante et en révéler l’âme.
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