Le B.P.S.22, espace de création contemporaine de la Province de Hainaut (Charleroi, Belgique), consacre une importante exposition à l’art contemporain et au football. Loin de se limiter à vouloir coller à l’actualité sportive (la Coupe du Monde de football), ce projet aborde les nombreuses facettes de ce sport populaire en lien avec de multiples enjeux du monde contemporain. Il met également en évidence la relation qu’entretiennent les artistes actuels avec l’univers du football. Accompagnée d’un important volet pédagogique, l’exposition a également donné lieu à des commandes spécifiques à des artistes tels que Patrick Everaert, Pascale Marthine Tayou et Yoann Van Parys.
Le monde, rond comme un ballon…
Sport le plus populaire dans le monde, le football rassemble un nombre inestimable de fervents supporters ou de spectateurs occasionnels. Cette popularité, accentuée par une couverture médiatique importante, s’est encore accrue, en Europe, avec la victoire de la France « black-blanc-beur », lors du Mondial 98. Cette même victoire a également achevé de réconcilier les couches de populations autour du ballon rond : alors que les décennies précédentes ont été marquées, dans les pays francophones principalement, par une certaine culture intellectuelle « anti-football », ce sport bénéficie aujourd’hui de l’attention de tous les milieux. En attestent les nombreuses productions artistiques ou œuvres littéraires parues depuis plus d’une décennie. Comme il a souvent été écrit « Le monde est rond comme un ballon » : le football devient pour les artistes le miroir des situations et transformations du monde actuel.
Une quarantaine d’artistes du monde entier
One Shot ! témoigne de cette popularité du ballon rond mais n’est en rien une exposition consacrée à la gloire de ce sport. Ce projet se propose plutôt de rechercher les résonances du monde contemporain dans le football. Nombreux sont en effet les artistes, aussi bien hommes que femmes, qui, à un moment de leur carrière, ont fait du football le sujet central de leur œuvre ou, plus simplement, l’ont utilisé comme source visuelle. Une quarantaine de pièces d’artistes originaires des quatre coins du monde, dont Wim Delvoye (Belgique), Massimo Furlan (Suisse), Kendell Geers (Afrique du Sud), Douglas Gordon (Royaume-Unis) et Philippe Parreno (France), Taku Anekawa (Japon), Javier Rodriguez (Mexique), etc. sont ainsi rassemblées dans les deux espaces d’exposition du B.P.S.22. Le hall principal reçoit les sculptures, peintures, photographies, dessins, etc. tandis que la grande salle annexe accueille des projections sur grands écrans.
 Taku ANEKAWA, Believed Soccer Ball, 2009 Technique mixte (diam.) 21 cm Courtesy: Nanzuka Underground, Tokyo (JP) © Leslie Artamonow
Point de départ de l’exposition : deux œuvres emblématiques qui illustrent cette progressive installation du football dans le paysage médiatique — un portrait vidéo de Zidane par Douglas Gordon et Philippe Parreno (2005) et un portrait vidéo de George Best par Hellmuth Costard (1970). Entre ces deux films, plus de trente années se sont écoulées, marquées par des évolutions fondamentales du monde, dont l’exposition se veut être l’écho. Quantités de facettes liées à ce sport ont ainsi été explorées et sont présentées au B.P.S.22. Parmi elles, la dimension rituelle des supporters (vidéo de Stephen Dean tournée lors des derbys de Rio de Janeiro), les liens entre politique et football (installation de Kendell Geers regroupant, dans un filet, des visages d’hommes politiques tendus sur des ballons), la violence de certains « ultras », la part émotive liée aux souvenirs et à l’enfance, la corruption financière, les traditions populaires, les enjeux financiers des grandes marques et les conditions de production du merchandising, les clichés de genres (le ballon de Priscilla Monge, constitué de serviettes périodiques féminines)…
PUBLICATION :
Le B.P.S.22 édite un catalogue reprenant les œuvres de l’exposition, une brève notice explicative et une présentation générale du concept directeur. Conçu comme un hommage aux albums « Panini », ce catalogue comprend quelques vignettes (stickers) à coller et se pose en souvenir périssable de l’événement. 64 pages quadri. Textes : Nancy Casielles et Pierre-Olivier Rollin. En français et en anglais.
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