De quoi tapissons-nous nos murs ? Consacrée à l’utilisation du papier peint dans la décoration intérieure en Suisse, cette exposition en retrace l’évolution, depuis les premiers décors de papier du XVIe siècle jusqu’aux créations contemporaines signées Olivier Mosset ou Francis Baudevin. C’est aussi l’occasion de dévoiler les collections inédites du Musée national suisse. Originale et interactive, l’exposition propose des stations ludiques favorisant une approche tactile et sensuelle de l’univers fascinant du papier peint. Après le Château de Prangins, elle sera présentée en 2012 au Musée national suisse de Zurich.
Oiseaux des îles. Fragment de papier peint à motif de perroquet provenant du Château de Prangins. Manufacture Henri Grandchamp & Co., Genève, motif no 20202. Dessin de Jean-Louis Gampert,
vers 1920-1930. Impression à la planche, 46.8 x 39.8 cm. ©Musée national suisse. La démocratisation du papier peint
En huit chapitres, l’exposition présentée au Château de Prangins revient sur l’histoire de cet élément de décor qui connut son apogée en France à partir des années 1780, après avoir démarré en Angleterre. L’éventail des décors posés est vaste : des luxueuses impressions à la planche du XVIIIe siècle, dont certaines sont signées de la prestigieuse manufacture royale de Réveillon, aux rouleaux industriels de la fin du XIXe siècle, avec leurs motifs historicisants ou Art nouveau. L’une des attractions est la présentation, côte à côte, de deux célèbres papiers panoramiques de la firme Zuber : la Grande Helvétie et la Petite Helvétie. Imprimés à la planche de bois gravée, ils traduisent le succès de ces panoramiques qui déroulent entre 1800 et 1860 des paysages de rêve dans de nombreuses maisons. Les progrès techniques, comme l’apparition du rouleau de papier en continu et l’impression mécanique, sont aussi évoqués, éléments essentiels à la démocratisation du papier peint qui voit la fabrication de tentures bon marché.
L’arabesque et la Suisse comme sources d’inspiration…
Le premier chapitre évoque un atelier de restauration d’art, pour rappeler au visiteur que le papier peint est un matériau fragile et éphémère, difficile à conserver et à préserver des ravages du temps. Le deuxième chapitre fait revivre l’âge d’or du papier peint. Après avoir démarré en Angleterre, la jeune industrie du papier peint atteint son apogée en France à partir des années 1780. Le raffinement des motifs et la qualité de l’impression sont tels que même les couches les plus nanties de la société se laissent séduire et commencent à préférer aux coûteuses soieries les revêtements de papier qui permettent de plus fréquents changements. L’influence de l’Antiquité sur le répertoire ornemental est prépondérante, notamment sous la forme des célèbres motifs dits « en arabesques », dont certains sont signés de la prestigieuse manufacture royale parisienne Réveillon. Les papiers panoramiques, qui déroulent leurs paysages de rêve sur les quatre murs d’une pièce, sont un des grands succès du papier peint au début du XIXe siècle (chapitre 3) . La Suisse devient un sujet de prédilection et les deux Helvétie rappellent que si elle n’a quasiment pas fabriqué de papier peint, elle a servi d’inspiration pour des créations exportées dans le monde entieret. Le quatrième chapitre restitue un magasin de papiers peints avec présentation de rouleaux, d’échantillons, d’albums de modèles et de publicités, afin de souligner qu’au cours du XIXe siècle, le papier se démocratise. Le prix de fabrication baisse considérablement, notamment pour les tentures dites « sanitary », lavables, donc hygiéniques.
Papier peint à motifs géométriques. Firme Wallpapers by Artists, Dijon. Dessin de Mai-Thu Perret, 2008. Impression mécanique, 1000 x 53 cm. ©Musée national suisse. Une centaine de motifs au château de Prangins
Certains fabricants renouent, au début du XXe siècle, avec la tradition des papiers imprimés manuellement à la planche (chapitre 5). Souvent, ils sollicitent la collaboration d’artistes renommés. Un bon exemple est le fabricant genevois Henri Grandchamp qui s’assure les talents des meilleurs dessinateurs de son temps (Cingria, Bischoff, etc.) et dont quelques papiers peints ont été posés au Château de Prangins. Le chapitre suivant montre que le papier peint connaît à l’heure actuelle une vogue extraordinaire. Dans ce domaine, plusieurs artistes suisses comme Olivier Mosset et Francis Baudevin se sont illustrés. Le chapitre 7 étudie les origines du papier peint en Suisse, où l’utilisation de papier imprimé dans la décoration intérieure est attestée dès la seconde moitié du XVIe siècle. Imitant la marqueterie sur bois, les Fladerpapiere ornent poutres, murs et portes. Le Musée national suisse en conserve un bel ensemble. Le dernier chapitre est consacré aux papiers peints du château de Prangins. En 1975, lorsque le château fut donné à la Confédération afin qu’il soit restauré et transformé en siège romand du Musée national suisse, l’intérieur du bâtiment était recouvert, dans une grande mesure, de papiers peints. Les plus anciens fragments retrouvés remontent aux années 1760, les plus récents datent des années 1930. Une centaine de motifs différents sont recensés. Ces papiers peints constituent un patrimoine capital de l’histoire du Château de Prangins et sont d’autant plus importants que l’édifice a perdu tout son mobilier d’origine.
PUBLICATION :
Un catalogue richement illustré (184 p.,180 ill., CHF 49.-), édité en version française et allemande par la Bibliothèque des Arts (Lausanne), accompagne l’exposition. Disponible à la boutique du musée et sur commande à info.prangins@snm.admin.ch
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