Le musée de l’Hospice Saint-Roch présente une véritable histoire de la photographie à travers celle d’une famille qui, depuis des décennies en France, excelle dans tous les domaines. Jean-Pierre Sudre, aujourd’hui disparu, son épouse Claudine, leurs enfants et conjoints se sont illustrés depuis les années 1960 dans les différents domaines que sont le portrait, la photographie de paysage, la photographie d’architecture ou de nature morte, et le tirage d’art.
Au début était Jean-Pierre
Jean-Pierre Sudre, mort en 1997, est aujourd’hui le chaînon manquant de cette histoire familiale. Il en est aussi le fondateur car son œuvre, reconnue dès les années 1960, a rendu définitivement illustre le patronyme des Sudre. Il est alors perçu comme un artiste d’avant-garde – art et photographie étant pour lui et grâce à lui totalement dissociables. Dans le cadre de ses innombrables expérimentations, il découvre la cristallisation, issue du dépôt d’un sel bichromaté sur une plaque de verre. Maîtrisant parfaitement le hasard des cristallisations, il met en scène les paysages de son imagination. L’exposition présente plus de trente photographies de ses thèmes favoris que sont les Natures Mortes, les Matériographies, les Paysages imaginaires, et Matière et végétal.
Puis Claudine, Dominique et Laurence…
Son épouse, Claudine Sudre, est considérée comme un « maître du tirage photographique », autant pour des photographes contemporains, que pour les photographes et inventeurs du XIXe siècle (Henri Le Secq des Tournelles, Gaspard-Félix Nadar, Hippolyte Bayard, Jean-Eugène Auguste Atget, Jules-Etienne Marey, Auguste Mestral, Denis Edouard Baldus). Dominique Sudre, leur fils, est photographe de paysage et passionné par les techniques de tirages anciens et modernes : du tirage au platine en passant par l’héliogravure jusqu’au tirage numérique. Chemins de broussaille ou marais dans les Dombes, étendues d’eau et arbres en prières au Mexique, déserts en Espagne… Dans ces paysages extrêmes, secs ou humides, aucun personnage n’indique la moindre échelle. Laurence Sudre, l’épouse de Dominique, est photographe portraitiste dans la grande tradition du portrait. Ses modèles sont des comédiens, des réalisateurs, des musiciens et des artistes (Joseph Beuys, Dennis Hopper, Patrice Chéreau, etc). L’exposition présente une sélection de trente de ses portraits.
Laurence Sudre Portrait de Spike Lee, 1989 © Laurence Sudre. Collection de l'artiste ... jusqu’à Fanny et Jean
Enfin, le couple formé par Fanny Sudre, fille de Jean-Pierre et de Claudine, et Jean Bernard est également dévoué à la photographie. Installés à Aix-en-Provence, ils y ouvrent en 1977 «l’Atelier-Galerie», un espace pionnier consacré à l’art de l’image fixe et dont la première exposition sera consacrée à... Jean-Pierre Sudre. Dès la fin des années 1970, une première commande du musée des Beaux-Arts de Marseille leur ouvre la voie et leur permet d’échapper à la commande locale. Un nouveau mode de vie est né qui concilie art et photographie, patrimoine et mémoire. Fanny et Jean ont désormais pour commanditaires le ministère de la Culture, de nombreux musées et de grands éditeurs dont Gallimard et sa collection «L’univers des formes». Jean travaille sur les prises de vue, Fanny veille à l’organisation des campagnes photographiques. Une trentaine de photographies noir et blanc nous conduisent des arènes d’Arles aux cathédrales de Chartres et de Bourges, de l’abbaye du Mont Saint-Michel à celle de Fontenay, jusqu’aux atmosphères mystérieuses des réserves de musées.
PUBLICATION :
Le catalogue, publié par le musée de l’Hospice Saint-Roch, réunit des photographies présentes dans l’exposition et des textes de Martine Ravache ; 28 x 24 cm, 120 pages, 98 photographies couleurs et noir et blanc, 19 €.
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