L'exposition présente cent dessins, soit un sixième de la collection de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, unique collection au monde provenant des professeurs de l'Académie, pour la période 1660-1720, et de certains de ses élèves pour les années 1750-1790. Suivant un parcours d’abord chronologique puis thématique, les académies évoquent l’équipe de Le Brun et de Versailles (Champaigne, Coypel, Jouvenet, Lafosse, Mignard) puis les artistes de la fin du règne de Louis XIV avec Largillierre et Rigaud pour aboutir au Siècle des Lumières avec la génération rocaille (Boucher, Natoire, Nattier, Van Loo) et celle de l’Antiquité retrouvée (Vincent, Brenet, Gros, Drouais).
D’après nature
Depuis sa création en 1648, l’Académie royale de Peinture et de Sculpture a privilégié l’étude du dessin d’après l’antique et le modèle vivant pour étayer sa méthode pédagogique et sa doctrine artistique. La nature était étudiée directement pour en observer les phénomènes qu’elle présentait aux hommes. Les peintres et les sculpteurs devaient acquérir cette vision en travaillant d’abord l’antique puis le modèle vivant, la première source permettant de corriger les défauts de la seconde. Seuls les élèves ayant obtenu la maîtrise de l’antique pouvaient travailler le modèle nu, suivant une attitude déterminée par le professeur. Malgré la continuité de l’enseignement académique, la perception et l’interprétation diffèrent sur les deux siècles : insistance sur le volume et la profondeur au XVIIe siècle, travail sur la précision anatomique et la ligne au siècle suivant.
1648 : fondation de l’Académie
Au début du XVIIe siècle, la peinture et la sculpture sont encore considérées comme des « arts mécaniques » et les artistes comme des artisans. Ceux-ci sont contrôlés par la Maîtrise de Saint-Luc. Créée dans le but de se libérer de sa mainmise, l’Académie royale de Peinture et de Sculpture est fondée en 1648 sous l’impulsion d’une douzaine d’artistes, dont Charles Le Brun (Premier Peintre du Roi), qui se placent immédiatement sous la protection de Louis XIV. En 1655, Mazarin devient le protecteur de l’Académie qui prend alors le nom d’Académie royale de Peinture et de Sculpture. Elle acquiert une réelle importance lorsque que Colbert en est désigné vice-protecteur en 1663. La même année, Charles Le Brun en devient le directeur et est nommé chancelier à vie. Ouverte aussi aux femmes, contrairement à l’Académie française, elle en verra siéger quatorze, de Catherine Duchemin, reçue en 1663, à la célèbre portraitiste Elisabeth Vigée Le Brun, reçue en 1783. L’enseignement à l’Académie était principalement basé sur la pratique du dessin, complété par des cours de géométrie, d’anatomie et de perspective. Cette instruction avait pour volonté d’apporter une culture commune à tous les élèves.
François Boucher Homme couché sur son bras droit, 1735 De la peinture d’histoire à la nature morte
L’Académie était aussi un lieu de réflexion artistique et elle eut un rayonnement et une influence considérable sur l’art en France et en Europe. Parmi les principes de l’Académie, il y avait celui de la hiérarchisation des genres établie par André Félibien. Venaient alors, par ordre d’importance, la peinture d’histoire, aussi appelée « le grand genre », le portrait, les scènes de genre, le paysage et la nature morte. En 1666, Louis XIV crée l’Académie de France à Rome. Cette institution reçoit les jeunes artistes ayant remporté le « grand prix Royal ou grand prix » (futur prix de Rome), prix le plus prestigieux, sanctionnant la fin des études. Les jeunes artistes séjournent alors quatre années à l’Académie aux frais du roi pour parfaire leur formation reçue à Paris. A la suite de ce séjour et, au bout de trois ans, ils peuvent, dans un premier temps, demander à être agréés par l’Académie. Ils en deviennent ensuite membre une fois leur morceau de réception présenté et leur réception accordée. L’Académie royale de Peinture et de Sculpture est fermée en 1793 et est remplacée en 1794 par l’Institut qui deviendra par la suite l’Académie des Beaux-Arts puis l’Institut de France tel que nous le connaissons aujourd’hui.
PUBLICATION :
Le catalogue L’Académie mise à nu. L’Ecole du modèle à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture est édité par les éditions Beaux-Art de Paris sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, 20 €.
Exposition réalisée avec le concours exceptionnel de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
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