KAZAKHSTAN : HOMMES, BETES ET DIEUX DE LA STEPPE

Lieu emblématique de «l’Asie à Paris», le musée Guimet accueille pour la première fois en France une exposition d’introduction à l’histoire et au patrimoine du Kazakhstan, pays de l’Extrême-Asie, des steppes et des peuples cavaliers nomades. A l’occasion de cet événement unique, organisé en étroite collaboration avec les responsables du musée central d’Almaty et des chercheurs français, et grâce au mécénat de Total, Areva et Astrium, sont exposées des pièces traitant exclusivement de la culture kazakhe, rassemblées depuis plus d’un siècle par d’éminents archéologues dont beaucoup furent russes et certains français, tel François-Joseph Castagné (1875-1958).

L’héritage d’Alexandre le Grand

Situé entre la Russie et la Chine, le Kazakhstan, habité depuis des millénaires, se trouve établi aujourd’hui sur un territoire où se sont rencontrées les civilisations de l’Antiquité. Héritier d’Alexandre le Grand et de Gengis Khan, le peuple kazakh, malgré les convoitises pour la domination de richesses et de territoires âprement disputés, a su maintenir son caractère profond. Pétri de traditions fondées sur une structure clanique et reflet des anciennes traditions nomades liées aux conditions ethniques, historiques, économiques et climatiques, ce peuple cavalier a su adapter son mode de vie à ses pratiques traditionnelles, caractéristiques d’une culture, d’une religion, d’un art de vivre.

Entre archéologie et ethnographie

La rencontre avec ce pays est rendue possible par l’exposition présentée au musée Guimet, grâce à une approche croisant l’archéologie et l’ethnographie. Ces deux pôles illustrent une vérité «nomade», au cœur d’un dialogue invitant le visiteur à explorer plusieurs pistes, sur les traces de ces magnifiques cavaliers de l’Asie des steppes. Faisant corps avec leurs inséparables compagnons - le cheval, roi des steppes (auxiliaire des pasteurs cavaliers), le chameau évoquant les déplacements du campement, et l’aigle, emblème du pays figuré sous un soleil levant -, les Kazakhs vivent en communion avec la nature. Fiers de leurs montagnes et de leurs animaux – du léopard de neige au faucon, l’auxiliaire du chasseur – leur attachement à la terre est magnifié dans un art puisant ses motifs dans la faune des steppes et des montagnes, comme dans les attributs du chamane, ou encore dans l’organisation de la vie sous la yourte familiale.

Appliques de vêtements en forme de griffon, Tertre funéraire de Chilikty, est du Kazakhstan, VIIe-VIe siècle avant notre ère
Or, incrustations. L. max. 2,9; l. max. 1,5
© Almaty, CSM RK, KP 26865/1-36

Communier avec l’esprit de la steppe

Construite autour des rites du nomadisme, l’exposition est un spectacle haut en couleurs autant qu’un parcours initiatique. Les objets, témoins de la richesse des pratiques funéraires kazakhes, dialoguent avec des pièces d’orfèvrerie au registre décoratif, évocation des paysages et des hommes cherchant à entrer en communion avec l’esprit de la steppe, pour mieux le capturer. Présentant côte à côte des pièces archéologiques, des témoignages photographiques, des objets de la vie quotidienne – dans une scénographie très contemporaine – l’exposition permet de comprendre et de partager la vie des cavaliers nomades. Jouant sur l’évocation d’une société circulant dans de grands espaces et se regroupant en petites unités éphémères et mobiles, le parcours met en scène la continuité du Kazakhstan ancien avec celui d’aujourd’hui, plaçant l’Asie des steppes au cœur de la «question asiatique».

PUBLICATION :

Catalogue de l’exposition sous la direction de Marie-Catherine Rey, Coédition Musée Guimet / Editions Artlys.