Depuis son ouverture en 2003, le Musée de l’Image propose des regards croisés entre les images de sa collection et des œuvres d’art contemporain, multiples. Il a choisi désormais de proposer à un seul artiste contemporain non seulement de montrer son travail au musée mais d’avoir aussi un regard sur une exposition d’imagerie.
Connivence à plusieurs étages
Premier épisode d’un nouveau cycle d’expositions, Connivence 1 présente, sous un titre commun, deux expositions distinctes : les photographies de Claire Chevrier invitent à regarder Rome et les espaces de représentation, les lieux où la ville se met en scène. En vis-à-vis sont exposées les images populaires indiennes collectionnées depuis 2003. Le musée propose, entre elles, des moments de connivence. Grâce au regard de l’artiste, elle s’établit d’abord entre les photographies de Claire Chevrier à Bombay et les images stéréotypées que propagent les feuilles scolaires pour enfants sages. Elle s’établit aussi entre les images indiennes des années 1950 et les images populaires européennes de la fin du XIXe siècle, dont les thèmes sont souvent semblables. Les deux expositions, conjointement, parlent d’image construite.
Quand la ville se met en scène
 Claire Chevrier, Paysage-ville-03, Bombay, 2002, photographie, collection de l’artiste
 Our Houses, Indian Book Depot, Delhi, fin XXe siècle, coll. Musée de l'Image, Epinal, cliché Hélène Rouyer
Images indiennes : éduquer avant tout
Entre images populaires du XIXe siècle – elles en reprennent la forme de la vignette – et grandes images pédagogiques (type Rossignol des années cinquante), ces images ont surtout été imprimées après l’indépendance (1947). Il faut alors reconstruire un pays, lui donner une cohérence et éduquer ses enfants. Feuilles volantes à destination des «enfants en bourgeon» comme le dit la publicité d’IBD à Delhi, ces images de connaissance du monde – les maisons, les moyens de transport, les animaux, les arbres, les planètes – sont aussi à visée éducative. L’enfant peut y apprendre les bonnes manières (et les mauvaises à ne pas suivre), la bonne hygiène ou la vie de Gandhi.
Ces images indiennes semblent très proches de celles du XIXe siècle conservées au Musée de l’Image. Cela est dû probablement à la similitude de forme et d’intention et aux nombreux points communs qu’elles ont avec nos images populaires : une inspiration comparable ; des foyers d’édition multiples (Delhi, Madurai, Chennai) ; des thèmes identiques du Nord au Sud du pays ; des dessinateurs sans grande formation mais dont l’étonnante qualité est de savoir joyeusement traduire l’essentiel.
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