FANTÔMES ET CAUCHEMARS
Art contemporain et collections de 1914-1918

L’Historial de la Grande Guerre et l’Espace culturel de Beauvais, situés dans une région marquée par les guerres, présentent sur le thème des fantômes et des cauchemars, une exposition d’art contemporain, en dialogue avec les collections 1914-1918 de l’Historial. Déclinée à Péronne et à Beauvais, l’exposition explore deux facettes des fantômes et cauchemars. Dans chacun des lieux, des figures fantomatiques voient également le jour comme de possibles messages de l’au-delà. Présentés côte-à-côte, les œuvres contemporaines et les objets de la collection se répondent, éclairant et enrichissant de leur présence respective, le sujet de l'exposition.

Jean Veber Atrocités

Obsession de la guerre

L’Historial de la Grande Guerre est implanté depuis 1992 à Péronne, sur ce que fut la ligne de front, où plus de vingt nations sont venues combattre au cours de la Première Guerre mondiale. Son remarquable bâtiment en béton blanc, créé par l’architecte Henri-Edouard Ciriani, est encastré dans le château médiéval, où se tint en 1468 la fameuse entrevue entre Louis XI, roi de France, et Charles Le Téméraire, duc de Bourgogne. Établissement muséographique international de référence, l’Historial de la Grande Guerre raconte autrement la Première Guerre mondiale. Dans le cadre de l’exposition, l’Historial décline la question des fantômes et cauchemars en lien avec les guerres, les violences et leurs souvenirs. Ce sont les héritages de la guerre qui surgissent ici, ses traces individuelles ou collectives, la recherche des hommes disparus, et les symboles qui rendent présent le passé. A chaque thème et regroupement d’œuvres contemporaines, des collections de l’Historial répondent.

Angoisses enfantines

De son côté, l’Espace culturel de Beauvais est l’un des lieux créés par la Mission Arts plastiques de la Ville de Beauvais, dans une logique de partenariats et de décloisonnement des pratiques, en étant attentif aux nouvelles technologies, à la nouvelle scène photographique et aux rapports entre art contemporain et patrimoine. Le visiteur plonge cette fois dans les peurs liées à l’enfance. La filiation et ses secrets, les angoisses, les peurs primaires, jusqu’à la folie habitent les lieux. Des objets et documents de la collection de l’Historial entrent en dialogue avec les œuvres contemporaines, avec plusieurs eaux-fortes d’Otto Dix, Der Krieg/La Guerre (1924), dont l’Historial détient l’un des cinq exemplaires originaux existants au monde.

Jan Fabre,The Grave of the Unknown , computer, 1993, installation, 100 croix en bois.

L’ancien et le moderne

Parmi les artistes contemporains figurent des créateurs de tous horizons, s’exprimant dans la vidéo, la photographie, ou l’installation, de Mehdi Abbioui (né en 1981 à Beauvais) à Nobuyoshi Araki (né en 1940 à Tokyo), d’Ange Leccia (né en 1952 à Minerviu, Corse) à Ingrid Wildi (née en 1963 à Santiago du Chili). En dialogue avec cette création actuelle sont présentés des objets issus des collections de l’Historial. Parmi ces souvenirs émouvants, se détachent le sabot de Mistigri, cheval du capitaine Niel en 1915 et un reliquaire avec bout d’humérus (1915), réalisée par Henri Gomain (de Miencourt) pour son camarade Emile Bulot, du 12e Régiment d’artillerie, blessé à Lorette en novembre 1914 et amputé du bras. Ou encore une poupée Rintintin en fil bleu horizon, censé protéger contre la Grosse Bertha et une borne de terre sacrée de la Somme, prélevée sur le champ de bataille de Montdidier et vendue au profit des Gueules cassées…

PUBLICATION :

• Catalogue édité par l’Historial de la Grande Guerre. Parution en mai 2011. 80 pages, 60 illustrations couleur.