UNE COUPE MYTHIQUE DU XIIe SIÈCLE CHEZ SOTHEBY'S

La vente Importante Orfèvrerie Européenne, Boîtes en Or et Objets de Vitrine, organisée le 17 mai chez Sotheby’s à Paris, propose une exceptionnelle coupe ronde sur pied en argent réalisée vers 1180, probablement en France (estimation : 300 000 – 400 000 €). Aucune pièce ne peut lui être comparée que ce soit dans les collections publique ou privées, tant au plan de l’ancienneté que sur celui de l’iconographie pour une pièce d’orfèvrerie.

Le décor de la coupe est rythmé de symboles astraux. L'étoile à huit branches, les deux cercles autour du basilic et les motifs en forme de lune rappellent les ouvrages scientifiques de l'époque et leurs représentations du firmament, tant des cosmologues occidentaux qu'orientaux. Les grains peuvent être interprétés comme des graines de grenade, un des symboles de la fertilité. La construction géométrique ainsi que l'animal gravé au centre de la coupe sont caractéristiques de l'époque romane. Il s’agit d’un basilic, motif assez courant dans l'iconographie des XIIe et XIIIe siècles, plus rare ensuite. Son regard passe pour terrifiant et paralysant. C'est le roi des serpents et une créature considérée comme totalement diabolique.

Ce motif expliquerait l'utilisation propre de ces coupes (hanaps) qui est, très probablement, exclusivement liée à la boisson. On peut imaginer que ce basilic se dresse au fond de la coupe pour recommander au buveur de consommer ladite boisson avec modération, en ne vidant pas totalement l'objet, évitant ainsi de dévoiler le monstre.

Le décor iconographique de cette coupe nous entraîne au cœur de la pensée médiévale complexe, à la fois moralisatrice et enchanteresse, celle des Proverbes dits de Salomon dans l’Ancien Testament, où le roi avait la réputation d'avoir été exorciste et magicien, capable de dompter les dragons. Cette époque est aussi celle de la légende du roi Arthur, de la Table Ronde et du Saint-Graal, terme apparu vers l'an mille pour désigner une pièce de table, probablement un hanap à pied, peut-être muni d'un couvercle.

Les autres pièces de la vente viennent de toute l’Europe et comprennent des rafraîchissoirs, des ménagères et des centres de table. Parmi les autres lots notables, on peut citer une paire de candélabres à deux lumières réalisée en 1764 par Jean-Baptiste Chéret, une paire de présentoirs en vermeil par Robert-Joseph Auguste pour la cour de Portugal en 1784. L’Allemagne est représentée par une série de quatre flambeaux en argent et une paire d’aiguières du célèbre service de Sachsen-Teschen, réalisé par Johann Ignaz Würth à Vienne vers 1780, ainsi que par un ensemble comprenant une paire de seaux à rafraîchir et une verrière produites à Augsbourg en 1804 pour un prince allemand.

Catalogue complet en ligne :www.sothebys.com