Né en Allemagne en 1937, Nils-Udo commence une carrière de peintre, s’installant à Paris pendant une décennie. A l’âge de 35 ans, il vire totalement de bord, abandonne la peinture et devient un pionnier du travail dans (et avec) la nature. Il se fait remarquer par des installations-plantations dont l’une des premières est un Hommage à Gustav Mahler. Actif à travers le monde, de l’Inde au Mexique et des États-Unis au Japon, il s’est mesuré aux endroits les plus divers, des volcans de l’île de La Réunion aux déserts de Namibie, en passant par les parcs urbains de New Delhi. Cette rétrospective regroupe plus de soixante-cinq œuvres, datant de 1973 à 2010, dans une scénographie très épurée.
Nils Udo Entrée, 2005 Huile sur toile, 240 x 78 cm © Nils-Udo Pétales et fissures
«La nature est le thème de ma vie, mon art sort de cette expérience». C’est ainsi que s’exprime Nils-Udo, qui délaisse son atelier et la peinture en 1972, pour traduire de façon moins artificielle, la puissance créatrice de la nature. Il commence à louer des terres chez les paysans des environs de son village, pour y réaliser de vastes plantations d’arbres, d’arbustes et de fleurs ; il cueille des baies, dispose des pétales sur l’eau, dans des fissures, entremêle des branches, enregistre la course d’une feuille tombante, oriente l’eau et la lumière… faisant surgir dans et de la nature, de délicates installations minérales et végétales, aux dimensions variables, composées de matériaux trouvés sur place. Délivrés de l’anonymat, inscrits dans la mémoire d’un lieu, ces réalisations se font « nids », «autels », « maisons d’eau »… sous les doigts de l’artiste qui les photographie ensuite, à leur plus haut point d’intensité, avant de les rendre à la terre, où elles subissent l’érosion du temps.
La conscience de notre fragilité
Pionnier, en Europe, de l’art dans la nature, Nils-Udo se démarque des artistes du Land Art, auquel il est abusivement rattaché. Ce courant de l’art contemporain, né aux Etats-Unis à la fin des années 60, qui rompt – comme lui-même le fera – avec les valeurs esthétiques traditionnelles, recouvre des projets de grande envergure réalisés en plein air par des artistes américains. Leur démarche est à l’opposé de la sienne, car ses interventions à l’extérieur, même lorsqu’elles sont monumentales, n’entraînent pas de métamorphoses irréversibles. En célébrant la nature comme il la célèbre avec ses installations, Nils-Udo nous oblige non seulement à redécouvrir ce que notre œil et nos sens ne perçoivent plus, mais nous place face à nous-mêmes, nous rappelant sans cesse notre fragilité.
Portrait de l’artiste 2000 © photo DPA M. Mächler Retour à la peinture
Le parcours, divisé en deux parties, présente tout d’abord les photographies, en noir et blanc et en couleur, de ses installations végétales et minérales, prises aux quatre coins du monde, dans des lieux parfois improbables, quelques encres de Chine sur papier – exécutées sur une brève période – et enfin sa peinture avec laquelle il a renoué avec passion en 2004. Des dessins préparatoires – extrêmement rares chez l’artiste – de deux projets réalisés pour des particuliers: les champagnes Feuillatte et le domaine de Méréville, viennent enrichir l’exposition. Un film permet de suivre Nils-Udo dans la construction, en 2005, de son projet monumental Clemson Clay Nest au Botanical Garden of South Carolina, Université de Clemson (USA).
PUBLICATION :
Catalogue de l’exposition, coédité par l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts (version bilingue). Textes de Benoît Decron et de Josette Rasle. 22 €.
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