Dans cette ville qui a été son port d’attache et qui a vécu durant 12 ans au rythme de ses départs et de ses arrivées, dans ce port légendaire des transatlantiques, France a un statut particulier. Il a marqué à son arrivée en 1961, l’accomplissement de la renaissance de la ville, après l’achèvement de la reconstruction et l’inauguration de la Maison de la Culture par André Malraux. En 1962, à l’occasion du premier départ pour New York, toutes les caméras sont tournées vers Le Havre et le paquebot devient le monument de la ville, une fierté relayée à l’échelle nationale et internationale.
Salle à manger de première classe du paquebot Ile de France conçue par l'architecte Pierre Patout, 1927, collection Association French Lines. Une vitrine nationale
L’exposition présentée au MuMa - Musée d'art moderne André Malraux, situé à l’avant-port du Havre, propose de nombreuses œuvres inédites, une scénographie spectaculaire avec la reconstitution du pont intégrant les lettres lumineuses monumentales originales. Une exposition-dossier sur le paquebot Normandie met en perspective le France et son prestigieux prédécesseur des années 30. Dans une France qui se relève lentement de la seconde guerre mondiale, le navire, dont la commande est passée aux Chantiers de Penhoët et 1957, doit être le reflet des savoir-faire et des capacités d’innovations de la France. Il se manifeste par l’emploi massif de l’aluminium, les stabilisateurs, les ascenseurs programmables, les cheminées au design élégant qui répartissent les fumées sur les côtés et qui deviendront l’emblème du navire. Le France devient une œuvre nationale composée d’éléments construits dans tout le pays et assemblés à Saint-Nazaire. Le général De Gaulle, lors du lancement le 11 mai 1960, se fait fort de rappeler les missions de cet ambassadeur des mers.
Un résumé de l’art de l’époque
L’accent est mis sur la machine habitable, le France étant une œuvre révélatrice d’une époque. Le cœur de l’exposition propose donc une immersion dans ces décors qui représentent pour nous l’archétype du début des années 60 avec les bleus turquoise, les orange, les formicas, les aluminiums dorés et gravés, ainsi que le mobilier des décorateurs associés à la grande commande publique. Les œuvres d’André Arbus, Dominique, Jean Leleu, Maxime Old, Jacques Dumond ou Marc Simon (fauteuils, tables, commodes…) y sont mises en situation. Les œuvres d’art qui ornaient les murs et que l’on retrouvera pour certaines dans l’exposition, reflètent là encore l’esprit France. En pleine querelle entre les abstraits et les figuratifs, le conseil artistique choisit l’éclectisme censé refléter toute la diversité de la création française avec les collaborations de René Fumeron, Jean René Bazaine, Jean Carzou, Othon Friesz, Mario Prassinos… La liste est trop longue mais rappelle que le France avait pour ambition d’être un musée flottant comme le démontre le catalogue des œuvres mis à la disposition des passagers.
Richard Burton au Chadburn © Patrick Boulen Les fastes de la vie à bord
France sera un véritable défi à la création avec ses 8 hectares de pont à aménager. Le résultat représentera finalement un des meilleurs exemples d’un art officiel, proche d’ailleurs de la décoration de l’aérogare d’Orly inaugurée la même année. Un «Été passionnément France» est rythmé par deux autres expositions. L’Espace André Graillot propose une plongée dans le luxe des géants des mers: la décoration des salles à manger et les arts de la table ont contribué à la renommée des paquebots français - la cave du France comptait 76 000 bouteilles… C’est la première fois qu’un nombre aussi conséquent de pièces d’argenterie des paquebots est rassemblé (en grande partie grâce aux collections de l’Association French Lines). Le long de la plage, une exposition présentée par l’Office de Tourisme rassemble des photographies retraçant la vie à bord, le quotidien des célébrités et du personnel et ce fameux « service à la française » tant recherché par les passagers étrangers.
PUBLICATION :
• Catalogue (80 pages, 20 €) en vente à l’Office de tourisme et à la boutique du Musée.
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