Le monde est à l’heure des comptes, à moins que ce ne soit l’heure des contes, mais dans tous les cas, l’esprit est au trouble, à l’incertitude, à la crainte. L’imaginaire n’est pas si tendre qu’on le croit.
David Lihard le démontre avec une inquiétante maîtrise et une angoissante justesse. Ses visions de l’enfance sont perturbantes : une réalité insouciante et un jeu pervers peuvent tout d'un coup se révéler être un jeu insouciant et une réalité perverse. Il fait osciller l’esprit du spectateur entre deux regards, celui de l’innocence et celui de la culpabilité. Et le plus troublant, c’est que ces deux regards paraissent ici à la fois légitimes et assumés.
Peintures, Landscakes, Rebus Afflictis, Couronnes mortuaires.
C’est avec une étrange habileté que David Lihard met en œuvre une connivence faussement rassurante avec l’enfance. Le style de ses peintures au sujet ambigu rappelle celui des livres d’enfants (Martine ou Caroline). Ses rebus afflictis forcent l’esprit à résoudre l'énigme pour atteindre le morbide tandis que les garnitures et les nappages décoratifs de ses gâteaux -si appétissants au premier abord- proposent d’assouvir un appétit d’une singulière nature. Ses couronnes mortuaires constituées de centaines de jeux d’enfants sont de la même nature : ils anéantissent méticuleusement les archétypes de l'enfance...
David Lihard vit et travaille à Angers.
Après avoir hésité entre "art" et "droit", avec une voie médiane non aboutie (commissaire-priseur), il s'est méthodiquement appliqué à explorer les espaces imaginaires et fantasmatiques qui se trouvent à l'intersection des mondes de l'enfant et de l'adulte avec toutes les techniques à sa disposition. Il est marié et père de trois enfants.
"Plaçant l'Homme au centre de mes recherches, j'ai commencé par explorer une période charnière et fondatrice de nos existences. En effet, enfant, nous faisons tous l'apprentissage de notre temporalité. Le monde du "pour toujours" disparaît et les interrogations nous rongent, ensuite, inéluctablement, nous oublions.
Je m’efforce dans mon travail de revenir aux sources de cette révélation et des peurs originelles qu'elle engendre. Ma démarche est une traduction formelle de ces questionnements profonds et des habitus paradigmatiques de l'enfance (jeux, amour, joie, sexualité, peur, violence, mort …)"
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