En 2011 et 2012, Lausanne célèbre plusieurs anniversaires qui signalent à quel point la capitale vaudoise a été et reste une scène stimulante pour la danse. L’exposition retrace ces grands moments et ses acteurs significatifs, de l’arrivée de Diaghilev à l’accueil du Béjart Ballet sans oublier les 40 ans du Prix de Lausanne. Les nombreux prêts octroyés par la Collection suisse de la danse, les Fonds Serge Lifar, Clotilde et Alexandre Sakharoff, et Alice Vronska - acteurs majeurs de la danse et de son enseignement à Lausanne - témoignent de la richesse des archives lausannoises. Un foisonnement d’objets ainsi qu’une installation vidéo de Nicole Seiler permettront au public d’entrer dans l’intimité des processus créatifs.
Maurice Béjart, Hôtel de Ville Lausanne, 1987 © Yvan Muriset. Travail de mémoire
La danse est un art du moment présent, un dessin évanescent dans l’espace. Son étude nécessite de travailler, dans les meilleurs des cas, à l’aide de vestiges : photographies, comptes-rendus, objets, films ou vidéos. L'exposer, c’est donc tenter de rejouer, sur un mode mental et grâce aux "reliques" que l’archive a sauvées, les partitions des chorégraphes. Pour aider la mémoire dans son travail, la scénographie de l’exposition, confiée au bureau lausannois //DIY, se constitue d’une réplique d’un studio de danse, un décor reconstitué jouant de tous les codes des arts scéniques. Le sol de cette salle blanche se trouve ainsi recouvert d’un véritable tapis de danse noir. A l’extérieur - les coulisses - il se dévoile comme artefact affichant ses artifices : planches de bois, fils électriques et autres éléments de construction.
Une exposition en quatre parois
Les quatre parois extérieures du studio délimitent autant de secteurs. La première paroi est consacrée aux Repères historiques. Sept personnalités marquantes de la danse sont présentées à l’aide de différents documents dans leur rapport respectif à Lausanne. Il s’agit de Serge de Diaghilev (1872-1929), d'Alexandre et Clotilde Sakharoff (1886-1963 et 1892-1974), Serge Lifar (1904-1986), Boris Kniaseff (1900-1975), Alice Vronska (1897-1992), Maurice Béjart (1927-2007) et Jorge Donn (1947-1992). La paroi dédiée à la Formation met en évidence trois institutions importantes, invitées à se présenter librement. Chacune d’entre elles fête cette année un anniversaire important : le Prix de Lausanne (40 ans), l’Ecole Rudra Béjart (20 ans) et le Marchepied (10 ans). Une paroi, consacrée à la Mémoire, présente la Collection suisse de la danse qui recèle dans ses fonds de véritables trésors et qui a notamment prêté bon nombre des documents d’archives de l’exposition. La dernière paroi invite à Voir et revoir la Danse. Les 12 compagnies invitées mettent à la disposition du public une série de captations de leurs spectacles que celui-ci pourra visionner en toute quiétude et selon ses choix. Un festival exceptionnel puisqu’une trentaine de spectacles seront ainsi accessibles dans leur intégralité.
Romanesco © Cie Nuna. Photo Samuel Rouge. Lausanne danse plus que jamais
Lausanne danse encore aujourd’hui, et plus que jamais. Elle danse en corps, c’est-à-dire en corporation. Une corporation aux visages multiples, dont les propositions artistiques originales bouillonnent sur les scènes lausannoises et au-delà. C’est afin de présenter ce foisonnement qu’une douzaine de compagnies ont été invitées à participer à l’exposition. Intitulée Parcours, cette partie de l’exposition abrite plus d’une centaine d’objets prêtés par les compagnies. Un réfrigérateur, une plume, une paire de chaussons, un calamar…, hétéroclites apparemment, émouvants parfois, ces prêts personnels des chorégraphes font ici office d’objets transitoires. A travers eux, chacun, chacune raconte sa danse. Elément biographique ou esthétique, précieux ou purement symbolique, chaque objet justifie sa présence dans l’exposition par l’importance qu’il a au regard de son propriétaire.
PUBLICATION :
Catalogue avec textes de Marco Costantini, Fabien Ruf, Corinne Jacquiéry, Jean-Pierre Pastori, Christophe Reichenau, Serge Rochat, Selina Von Schack, Raphaël de Gubernatis, 200 pages, 140 illustrations, CHF 29, coédition MHL/ art&fiction
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