Un exceptionnel manuscrit découvert à l’évêché d’Autun permet d’évoquer la production artistique de Bologne dans le courant du premier Trecento (1330-1340). Des personnalités fortes telles Vitale da Bologna, le Pseudo Jacopino, Giovanni da Balduccio sont évoquées aux côtés des grands maîtres de l’enluminure. Première d’une série de cinq expositions inscrites dans une convention d’échanges culturels et scientifiques passée entre la ville d’Autun et le musée du Louvre, « Bologne et le pontifical d’Autun » est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication.
Une découverte majeure
Ce manuscrit, découvert en septembre 2007 et versé à titre de dépôt à la bibliothèque intercommunale de l’Autunois en juin 2008, s’est avéré un ouvrage de tout premier ordre pour la connaissance de l’enluminure bolonaise du premier Trecento, sous influence, pour partie, de la peinture de Giotto. C’est un manuscrit sur parchemin de format 35 x 23,5 cm comprenant quatre folios de tête suivis de 182 folios numérotés en chiffres romains et sept folios ajoutés postérieurement. Sa mise en page est sur deux colonnes de 23 lignes (8,5 cm de large et 29,5 cm de haut). Il comporte les ais en bois de sa couverture d’origine et ses pages n’ont pas été rognées au XVIIIe siècle.
Qu’est-ce qu’un pontifical ?
Le pontifical d’Autun appartient à une catégorie bien particulière de livres liturgiques. Il s’agit d’un pontifical romain, livre où sont rassemblées les formules et les cérémonies des fonctions normalement réservées à l’évêque. Utilisé par les plus hauts dignitaires de l’Eglise romaine, pape, cardinaux et évêques, ce recueil se compose en majeure partie d’une suite de rituels liturgiques et de bénédictions accompagnant différentes solennités de la vie ecclésiale. Avec ses 61 sujets représentés, dont 54 initiales historiées, le pontifical de l’évêché d’Autun est sans aucun doute l’un des pontificaux les plus richement enluminés qui aient vu le jour en Italie au cours du XIVe siècle. C’est aussi un des très rares exemples de pontifical enluminé à Bologne dans les années 1300-1350, où les libraires de la grande cité émilienne s’étaient faits une spécialité dans la production de manuscrits juridiques.
 Vitale da Bologna, Le Couronnement de la Vierge, Musée du Louvre, Paris
Fruit de la collaboration de trois artistes bolonais bien distincts au style innovant, en nette rupture avec les formes byzantinisantes qui prévalaient à Bologne dans les manuscrits illustrés par Jacopino da Reggio et ses suiveurs, et très ouvert à la leçon de Giotto, le pontifical d’Autun est d’une originalité éclatante. Le Maître du pontifical d’Autun a certainement eu la charge de coordonner l’intégralité de l’illustration du manuscrit, partagée avec deux autres miniaturistes, dont l’un est identifiable au Maître du Gratien de Paris. L’exposition réunit plus de soixante œuvres, dont 16 manuscrits, 18 pièces d’orfèvrerie et d’ivoire, 10 chefs-d’œuvre de grands maîtres de la peinture et de la sculpture, 10 pièces de tissus italiens du XIVe siècle. La compréhension par le public de ce chef d’œuvre du XIVe siècle est facilitée par un feuilletoire numérique.
PUBLICATION :
• Catalogue de l’exposition, 192 pages, 150 illustrations en couleur, éditions Dominique Gueniot, Langres, 35€
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