Dix ans après la création du pavillon de thé du musée Guimet, certaines restaurations apparaissaient nécessaires, touchant notamment aux volets de bois kakedo et aux cloisons coulissantes shôji en papier translucide. Le pavillon se trouve au centre d’un jardin d’inspiration japonaise, cadre de cérémonies du thé organisées par des maîtres de thé. Menée sous l’égide du Révérend Yamada Sôbin, ancien supérieur du temple Daitoku-ji, grâce à un comité de soutien japonais, la conception du chashitsu a été confiée à un architecte renommé, Maître Nakamura Masao, et à un grand maître-charpentier de Kyoto, Maître Yamamoto Takaaki. Par ce geste généreux, le musée Guimet a reçu un chashitsu de type sôan des plus précieux, incarnant en ses murs l’esprit du thé, qui est au coeur de la civilisation japonaise depuis l’époque de Muromachi.
L’architecture du pavillon
Le pavillon de thé est construit sur un principe d’assemblage de poteau-poutre où chaque pièce s’encastre dans une ou plusieurs autres selon des découpes complexes et précises. Ses larges auvents sont destinés à protéger les parois extérieures contre les intempéries et les visiteurs au moment où ils y pénètrent pour la célébration de la cérémonie du thé. La zone ainsi protégée est clairement délimitée au sol par une rigole de petites pierres qui reçoit les eaux de pluie s’écoulant du toit en rideau. Cet espace joue un rôle essentiel d’intermédiaire entre le jardin et le pavillon. La toiture, recouverte de feuilles de titane lui donnant un aspect vert-de-grisé, est terminée par des faîtières en bois de châtaigner recouvertes d’une rangée de tuiles vernissées assurant l’étanchéité ainsi qu’une finition traditionnelle et discrètement décorative.
A l’intérieur du pavillon
L’intérieur, d’une surface de 25m2, et composé de deux pièces, a été dessiné par le professeur Massao Nakamura sur le principe d’une chashitsu de type soân. L’une des pièces est destinée au service, la mizuya, l’autre à la célébration de la cérémonie du thé selon les codifications des différentes écoles qui se sont développées depuis sa formalisation par Sen no Rikyû au XVIe siècle. La pièce principale permet, dans un espace restreint, d’accueillir jusqu’à sept invités, tout en respectant la place dévolue aux hôtes et au maître de thé. Le tokonoma, alcôve devant laquelle est placé l’hôte principal, donne une impression de profondeur à l’espace et le décor qui y est placé rappellera la saison, l’événement que l’on souhaite célébrer, l’attention particulière du maître de cérémonie pour ses invités ce jour-là.
Un nouveau jardin japonais
Lors de la rénovation du Panthéon bouddhique en 1991, Robert Bazelaire a élaboré un jardin d’inspiration japonaise. Le même créateur, accompagné de Bernard Peuble, invite le visiteur à découvrir un nouveau jardin. Conçu comme un parcours préparant le cœur et l’âme pour les cérémonies du thé, il est bordé d’une haie vive le long de la rue, et de bambous géants sur les deux côtés. Les végétaux visent à créer avec l’eau, les pierres, l’ombre et la lumière, une ambiance de sérénité. Des sentiers sinueux sont marqués de dalles de pierre qui, à l’image des tobi-ishi (littéralement, « pierres volantes ») des jardins japonais, rythment le pas. En cours de chemin, l’invité à la cérémonie du thé peut symboliquement se purifier le corps et le cœur en se rinçant les mains et la bouche à la vasque creusée dans du granit rose de Bretagne et posée directement au-dessus de l’eau du bassin. Ce détour vers le chôzubachi annonce l’approche du pavillon de thé qui tourne sa façade sud, la plus décorative, vers le bâtiment principal et le plan d’eau qui l’en dissocie.
Calendrier des cérémonies du thé
• Ecole Omote-senke : les jeudis 4, 11 et 18 octobre à 14h, 15h ou 16h
• Ecole Mushakoji-senke : mercredi 17 octobre à 14h
• Ecole Ura-senke : les jeudis 25 octobre, 8 et 15 novembre à 14h, 14h30 ou 15h
Journée d'étude le 3 octobre 2012
De 10h à 18h dans le Grand Salon du Panthéon bouddhique. Accès libre dans la limite des places disponibles. Programme complet sur www.guimet.fr/fr/blog/la-breve/653-le-pavillon-de-the-creation-et-restauration
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