Né en Chine, le thé est devenu à travers les siècles la boisson la plus populaire au monde. Cette grande exposition d’automne se propose de raconter les moments forts de son histoire, son expansion sur tout le continent asiatique, ses cultures et usages ainsi que les enjeux commerciaux qu’il suscita.
Trois figurines féminines préparant le thé, terre cuite engobée peinte. Chine, première moitié du VII° siècle. H. 13cm ; 12,2cm ; 10,5cm. © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier Aux origines du thé
Le thé est un dérivé du camélia, qui prospérait à l’état sauvage en Chine du Sud-Ouest et fut cultivé sous forme d’arbuste aux alentours de notre ère. Une légende japonaise, rapporté par le botaniste Alphonse de Candolle, dit qu’un moine, outré de s’être endormi, se coupa les deux paupières, et les jeta. Elles se changèrent en un arbuste de thé, dont les feuilles ont le pouvoir de maintenir éveillé. Que l’on croie ou non l’histoire, la boisson extraite des feuilles de Thea sinensis entra progressivement dans les mœurs pour gagner toute l’Asie orientale. Au cours des deux millénaires de son histoire, sa consommation passera par trois phases : «l’âge du thé bouilli» sous les Tang (618-907), «l’âge du thé battu» sous les Song (960-1279) et «l’âge du thé infusé» sous les Ming (1368-1644).
Les trois âges du thé
«L’âge du thé bouilli» correspond aujourd’hui à un mode de préparation en voie d’extinction, excepté en Mongolie et au Tibet où ce bouillon est consommé mêlé à du lait ou du beurre et relevé avec des épices. «L’âge du thé battu» s’incarne dans une mousse qui demeure aujourd’hui l’apanage du Japon avec notamment le chanoyu ou cérémonie du thé. Née dans le contexte de monastères bouddhiques autour du VIIIe siècle en Chine et en Corée, cette pratique rituelle est exportée dans l’archipel nippon qui l’élèvera au rang d’une liturgie. «L’âge du thé infusé» apparaît dans le milieu lettré chinois. C’est un mode de préparation qui exalte les saveurs subtiles des feuilles de thé et bientôt, sous les Qing (1644-1911), naît le gongfucha : une vaisselle raffinée et une gestuelle codifiée permettent d’obtenir une gamme très large d’arômes. Cette pratique est encore en usage de nos jours.
Théière, Chahu, grès, décor végétal ajouré. Chine, Yixing, (Jiangsu), XVIIIe siècle. H. 12,5 cm, dimension à la base : 10 cm. © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier Des pistes pour en savoir plus
Différentes animations permettront d’aller plus loin. Les routes du thé par Jean-Paul Desroches, commissaire de l’exposition (15 novembre à 12h15) et Le thé des lettrés par Catherine Delacour, conservateur en charge des arts de la Chine (13 décembre à 12h15), sont deux conférences publiques et gratuites. Les ustensiles de la cérémonie du thé et leur utilisation est un atelier qui permettra, avec Yuko Takaoka, d’aborder l’aspect matériel de la cérémonie (24 octobre et 14 novembre à 14h30). La conférence de Sylvie Guichard-Anguis, Les douceurs de la cérémonie du thé) montrera tous les raffinements d’une tradition séculaire (20 octobre à 14h30) tandis qu’Un autre thé : le sencha sera une démonstration-dégustation (3 novembre 11h, 14h et 15h30). Yuuko Suzuki proposera une lecture-performance, L’encre et le thé, poèmes calligraphiés (1er décembre à 14h30). Dans la rencontre La route du thé et des temples en Corée, Claire Xuan étudiera l’exemple d’un autre pays à forte tradition, la Corée (8 décembre à 14h30) tandis que la table ronde Les mots des parfums et saveurs permettra d’aiguiser la connaissance sémantique de cet univers très riche (15 novembre à 18h30). Enfin, La voie du thé est une invitation à venir partager les cérémonies du thé au cœur du jardin japonais des galeries du Panthéon bouddhique.
PUBLICATION :
• Album de l’exposition
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