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JÉRÔME HENTSCH
ERWIN HOFSTETTER

DU 8 NOVEMBRE 2014 AU 11 JANVIER 2015


Deux expositions personnelles

 

KUNSTHALLE MARCEL DUCHAMP

Place d'Armes | Quai de l'Indépendance
1096 Cully, Suisse

INFORMATIONS :

• Site: http://www.akmd.ch
• E-mail : hello@akmd.ch

HORAIRES ET JOURS D'OUVERTURE :

7/7, 24/24

PRIX D'ENTRÉE :

entrée libre

CONTACTS :

• Livia Gnos
livia@akmd.ch

Jérôme Hentsch: “Témoin de chambre vide” – L’art mâle à voir fissa


Erwin Hofstetter: Avoir la larme facile


 


A l’occasion de sa 25ème présentation, la KMD a invité pour la première fois deux artistes pour deux expositions personnelles. Le rapprochement de ces deux oeuvres provoque une saisissante résonance.


Dans l’espace d’exposition supérieur, plus grand, les murs sont plongés dans un gris-bleu froid et mystérieux. C’est là que Jérôme Hentsch présente son Témoin de chambre vide, de 19 x 16 x 9,5 cm, coulé en résine durcie transparente. Contemplé par les lucarnes de la KMD, cette pièce mécanique, agrandie et devenue sculpture, paraît véritablement héroïque, monumentale. L’objet original, par contre, peu spectaculaire mais vital, est un élément de sécurité inséré dans le chargeur d’un pistolet. En d’autres mots, il s’agit d’un ustensile qui empêche une arme de tirer, qui « l’émascule » en un certain sens. En tant qu’objet plastique néanmoins, il présente sans équivoque des caractéristiques phalliques (L’art mâle à voir fissa). Une ambiguïté évidente, dont Hentsch se sert afin de créer une tension mystérieuse et contradictoire, accrue encore dans les espaces de la KMD, et allant au delà de la sublimité esthétique marquée de l’objet. Et nous, en tant que spectateurs « voyeurs », à travers les lucarnes, devenons observateurs de l’exhibition du « Témoin » – conçu pour désamorcer un outil mortel : un « sceau de l’humanité » muté en objet d’art, élément phallique castrateur, égocentrique, dur et fier, mais également translucide, complètement adapté et compatissant.


L’installation d’Erwin Hofstetter, intitulée Avoir la larme facile, génère des métaphores opposées au «ready-made» industriel de Hentsch. Hofstetter dispose plusieurs coupelles, de couleur jaunes et anthracites, de tailles inégales, dans l’espace d’exposition inférieur. Ces coupelles véhiculent une grande sensibilité de par les traces apparentes de leur fabrication manuelle en cire molle et souple. Elles font penser à des récipients pour les larmes invisibles évoquées par le titre de l’exposition, qui pourraient également être celles du spectateur. Pour regarder l’installation, celui-ci doit se pencher passablement, et il pourrait tout à fait verser quelques larmes à la vue de ces récipients vides ou vidés, dont la forme rappelle aussi des lentilles de contact troubles et déformées. De par leur fonction de réservoirs potentiels de fluides ou de nourriture, ces coupelles évoquent le pendant féminin du « Témoin » phallique de Hentsch, qui se tient seul et rigide dans l’espace supérieur, mystérieux et vide.


Le vide inhérent aux deux oeuvres développe une force inquiétante en regard de l’actualité. Par la suppression du Témoin de chambre (d’arme) vide, la mort s’engouffre inéluctablement dans la vie quotidienne, et les récipients pouvant donner la vie ont été vidé de leur contenu – même des larmes. Le vide est thématisé dans les deux travaux présentés, mais de manière opposée et on est soudain conscient à quel point l’absorption et l’éjection, la nostalgie et la déception, la joie et la souffrance, la tendresse et la violence, la vie et la mort dépendent de la mission du vide et de sa fonction: «Avoir la larme facile, l’art mâle à voir fissa.»


Stefan Banz


Nous avons dû supprimer de l'article original les illustrations d'oeuvres contemporaines dont la reproduction gratuite n'est autorisée par l'ADAGP que pendant la durée de l'exposition.

Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs et des artistes.