ENTRE CHIEN ET LOUP

l’Espace Christiane Peugeot présente du 2 au 14 février prochain des peintures monumentales et des dessins de l’artiste Dominique Albertelli. Figuration nouvelle et tendue, épurée, plutôt énigmatique, la création de l’artiste investit différentes formes : objets, œuvres virtuelles, interactives, installations, interventions pérennes dans l’espace privé et public.

Dominique Albertelli, née en France, a beaucoup voyagé, notamment dans l’Océan Indien et plus tard en Amérique du Sud et en Amazonie. Elle a suivi un cursus universitaire d‘ethnologie, puis vécu plusieurs années avec deux tribus amérindiennes sur le fleuve Oyapok. De retour en France, elle a fait l’Ecole Boulle. Actuellement elle vit et travaille à Paris.

Trois soirées particulières jalonnent cette exposition. Son vernissage, jeudi 5 février à 18h30, est suivi d’un entretien avec l’artiste et Christian Noorbergen, critique d’art et commissaire de l’exposition. Le mardi 10 février de 18h à 19h30, la soirée est dédiée à Henri Michaux, il sera dit des textes de celui-ci. Enfin jeudi 12 février, de 18h à 19h30, se tient une table ronde sur le thème de La double vie des artistes, avec la participation de Dominique Albertelli et d’Anne-Lise Broyer, artistes, Cathy Bion attachée de presse/photographe plasticienne, Danièle Rousselier écrivain ainsi que celles de Patrick Le Fur et Christian Noorbergen, critiques d'art.

Voir son site : http://www.albertelli-dominique.com/fr

LES SURGISSANTS DE DOMINIQUE ALBERTELLI par Christian Noobergen

Sur fond de magma profond et fluctuant, insondable et sans assise, se détachent les toujours-là, les incréés fabuleux d’Albertelli, ses inhabitants terribles. Création déchirante, quand la peinture, crûment sexuée de mort-vie, en bête de proie infinie, s’empare de l’univers.

Déshabillés de tout dehors, en brise-tendresse, ces implacables surgissants ne cessent d’envoûter nos solitudes. Dominique Albertelli s’attaque au destin. Elle ensemence les combles charnels, et quelque chose d’étreint et de dévasté prend l’art à la gorge. La transe graphique, haletante et acérée, nie l’espace, et l’espace engloutit tous les signes. Une magie agissante, austère et sauvage, fait disparaître la normalité, et bouleverse le temps insidieux de l’attente. Art d’incantation brutale où palpitent d’éprouvantes saignées d’être. Art lourd et puissant, à la scénographie décantée et tribale, saisissante et prodigieuse. Ici, dans l’œuvre, le corps insaisissable, inlassablement traqué, fait irruption, et l’espace est sidérant, comme si le corps déserté tranchait l’univers.

Dominique Albertelli creuse l’énigme insondable de l’existence. Elle bloque le drame juste au bord de la vie. Et l’art vit de ces blessures sublimes.