Bernard Buffet est né en 1928 à Paris dans une famille cultivée de la petite bourgeoisie et passe son enfance dans le XVIIe arrondissement des Batignolles. Très jeune, il commence à dessiner et peindre et il réussit le concours d’entrée aux Beaux-Arts de Paris à 15 ans. En 1945, la perte de sa mère Blanche le confronte dès 17 ans à l’angoisse de l’abandon et le marquera à jamais. En 1946, il expose au Salon des moins de trente ans à la Galerie des Beaux-Arts puis en 1947 au Salon des Indépendants et en 1948, Bernard Buffet reçoit à 20 ans – ex-aequo avec son ainé Bernard Lorjou - le prestigieux Prix de la Critique (le Prix Goncourt des peintres) qui lance sa carrière.
Avec David et Garnier
Sous contrat d’exclusivité dès 1948 avec Emmanuel David et Maurice Garnier, il restera fidèle toute sa vie à ses marchands qui l’exposent d’abord Galerie Drouant-David et Galerie Visconti puis à partir de 1956 avenue Matignon Galerie David et Garnier devenue Galerie Maurice Garnier en 1968. En 1955, il obtient la première place au référendum organisé par la revue Connaissance des Arts le plaçant en tête des dix meilleurs peintres de l'après-guerre. Après huit années passées à ses côtés, Pierre Bergé le quitte pour Yves Saint Laurent et Bernard Buffet a le coup de foudre pour Annabel Schwob, chanteuse, comédienne, écrivain qu’il épouse fin 1958 et qui sera sa femme, sa muse et son modèle tout au long de sa vie. Bernard Buffet après 10 ans de gloire, a connu la critique, le désamour et le désintérêt des institutions mais cela ne le détourna en rien de son oeuvre vécue comme une véritable vocation. Les expositions et rétrospectives se succèdent avec succès tant en France qu’à l’étranger dans des galeries et dans des musées prestigieux avec la collaboration de son fidèle marchand Maurice Garnier. En 1973 est inauguré au Japon le Musée Bernard Buffet, agrandi en 1988 et dans le jardin duquel les cendres du peintre ont été dispersées. En 1974, il est élu à l’Académie des Beaux-Arts à 46 ans.
Une peinture réaliste abordant vie quotidienne et grands thèmes
Bernard Buffet a choisi face à l’Abstraction régnante de l’après-guerre une peinture figurative, réaliste dont le vrai sujet est l’homme, ses sentiments et son destin tragique. Il a fait partie du groupe de l’Homme Témoin et participera régulièrement au Salon Les Peintres Témoins de leur temps organisé à Paris au Palais Galliera. En quête de vérité dans sa peinture, à une époque où les artistes privilégiaient plutôt l’engagement politique ou le discours entre figuration et abstraction, il revient dans ses sujets à la réalité de la vie quotidienne marquée au sortir de la guerre par la pauvreté, le dénuement et l’angoisse dans des tonalités grises et ternes et des choix de sujets austères (natures mortes, nus, vanités, crucifixions) Il revisite aussi les grands thèmes comme la mort, la sexualité, l’histoire et peint dans l’héritage des Grands Maîtres auxquels il rend hommage à de multiples reprises (Les Primitifs, Rembrandt, Delacroix, Chardin, Courbet, Van Gogh, Soutine…) en privilégiant le dessin et la composition classique.
Le tragique de la condition humaine
Il est l’auteur d’une peinture vivante, nourrie de la tradition, du beau métier - dans un style parfaitement identifiable dont l’épaisseur du trait, l’usage du couteau et la violence des tons le rapprochera de l’expressionnisme - créée par un artiste humaniste, portraitiste de ses contemporains dont il exprime les joies mais aussi les souffrances et tourments intérieurs qui sont aussi les siens. Dans la solitude de l’atelier, il travaille avec ascèse, discipline et rigueur à la limite de la misanthropie. Pour Maurice Druon « Bernard Buffet est le peintre tragique de la condition humaine » (2006). Peintre mais aussi dessinateur, graveur, concepteur de décors de théâtre et d’opéras, de ballets, il a créé « un art au service de la vie exaltée par la mort en miroir » Brigitte Camus. Diminué par la maladie de Parkinson, ne pouvant plus peindre, Bernard Buffet choisit de mettre fin à ses jours en octobre 1999 clôturant une vie consacrée à la peinture. « La peinture, on n’en parle pas, on ne l’analyse pas, on la sent » Bernard Buffet.
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