Plat Pays et saison obligent, le musée du dessin et de l’estampe de Gravelines consacre sa première exposition de l’année aux fêtes et mascarades du Carnaval à travers les siècles.
Un monde à l’envers
Plus d’une centaine d’estampes, du XVIe au XXe siècle, permet de parcourir les différentes étapes du cycle de Carnaval, depuis sa naissance, où les fous – Polichinelle, Arlequin, la Mère sotte - sortent d’un oeuf plein du vent de la folie, jusqu’à sa mort , Mardi-gras à minuit, lorsque les déguisés se démasquent et les lumières s’éteignent. Breughel d’abord, dont la Bataille de Carnaval et Carême reproduit fidèlement les fêtes, coutumes et croyances flamandes de Noël à Paques. Mais aussi Bertelli, Bôner, Callot, Chowiecki, Franco, Goya , Hogarth, Martinet, Pinelli, Verbiest ou Zelenko, qui décrivent un monde où tout s’inverse. Les hommes s’emplument et sacrifient des animaux traités comme des rois, les lépreux masqués sortent de leurs cabanes de chanvre, ce qui est en bas est en haut, le rire libérateur de Carnaval est le premier et le dernier souffle.
L'âme du Plat Pays
Depuis le XIII e siècle, dans chaque ville de Picardie et des Flandres, des confréries carnavalesques, des Etourdis de Douai aux Sots d’Amiens ou aux Hydeulx de Cambrai, organisent les réjouissances de Carnaval. Carrus navalis, char naval ? L’étymologie est contestée, mais la fête s’inscrit parfaitement dans le cycle de vie d’un pays où l’on remonte les barques sur des roues pour l’hivernage, où les canaux semblent faire rouler les péniches au milieu des vagues de blé, et où l’on brûle le bonhomme Carnaval avec la chenevotte, une fois le chanvre et le lin peignés. Ici ce monde à l’envers paraîtrait presque naturel. Ce n’est pas un hasard si ces Triomphes y sont nés.
Publication :
Catalogue à paraître en février 2004
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