L’exposition consacrée par le musée de l’Hospice Saint-Roch à l’artiste italien Alberto Magnelli, grâce au concours de sa succession et de nombreux musées et collectionneurs français et étrangers, est la plus importante depuis celle du Centre Pompidou à Paris en 1986. Elle s’attache à deux aspects très particuliers de sa création, les ardoises et les collages. Jamais un tel ensemble n’avait été présenté en si grand nombre. Elle réunit 75 œuvres : quarante collages, vingt-cinq ardoises, et quelques peintures confrontées de façon inédite aux ardoises qui les ont initiées.
Du Futurisme à l’abstraction
Alberto Magnelli, né à Florence en 1888, est mort à Meudon en 1971, Autodidacte, il se lance dans l’apprentissage de la peinture à 19 ans. Il se rapproche alors des Futuristes de l’avant-garde italienne. En 1914, un court séjour à Paris lui fait découvrir le fauvisme et le cubisme qui l’influenceront dans ses recherches. Les rencontres avec Apollinaire, Picasso, Gris, Matisse lui ouvrent de nouvelles perspectives. Il s’installe définitivement à Paris en 1931. Attiré par la peinture abstraite, il s’y consacre pleinement à partir de 1934. Il se lie d’amitié avec Kandinsky. Ses premiers collages et ardoises peintes apparaissent en 1936. Installé à Grasse pendant la 2e guerre mondiale, sa femme et lui sont très proches du ménage Jean Arp Sonia Delaunay. Après la guerre, il expose régulièrement en France et à l’étranger
Les ardoises
Magnelli commence sa première série d’ardoises peintes à la gouache à la fin de l’année 1936. Il est alors le premier et le seul à peindre sur ce matériau. Ardoise véritable ou carton, l’objet en tant que tel participe à la composition d’ensemble, et la technique de la gouache lui permet une nouvelle liberté. Il met directement en application ses recherches sur la structure de la composition et sur la disposition des formes d’expression. Sur les 92 ardoises répertoriées de 1936 à 1956, une quinzaine ont servi de modèles à des compositions réalisées, parfois des années après, sur de grands supports, à l’huile. Les tableaux liés à ces ardoises donnent à certaines des compositions une dimension monumentale toute nouvelle. Cela dit, ces ardoises ne sont pas à considérer comme des études préparatoires mais bien plutôt comme des œuvres abouties, à part entière Magnelli travaille en même temps les différents supports, jouant aussi bien avec les formats qu’avec les matériaux, huile, gouache, papiers...
Les collages
C’est au contact des œuvres cubistes de Picasso et de Braque, dès 1914, que Magnelli découvre la technique du collage. Sa curiosité pour les matières réelles et les formes se retrouve dans ces œuvres constituées de matériaux très divers et inhabituels : le carton ondulé, la toile, et toutes sortes de papiers : papier carbone usagé, papier à musique, papier goudronné, kraft.... Les collages apparaissent en 1936, au moment où il se consacre entièrement à l’abstraction. Ils s’échelonnent sur 30 ans, découpés en 3 périodes, avec une production importante jusqu’aux années de guerre - où les matériaux traditionnels sont devenus rares -, puis de 1947 à 1958, et de 1964 à 1966 Éloignés de toute figuration, ils donnent l’occasion à l’artiste d’explorer la structure des compositions, la répartition des formes en un espace donné et le jeu des textures.
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Publication :
Catalogue de l'exposition, Texte de Marcelin Pleynet, 23,5 x 27,5cm, 82p, ill. édition du Musée de l’Hospice Saint-Roch 27 €
À VOIR AUSSI :
Pendant la même période et avec les mêmes horaires, le Musée présente au Cabinet d'arts graphiques
GRAVE D’APRES : La gravure d’interprétation
. La gravure d’interprétation a permis à des graveurs talentueux de faire reconnaître leur art tout en servant de grands peintres et dessinateurs. Leur considération s’atténue à partir du XIXème siècle au profit du nouveau concept de gravure originale. L’exposition bénéficie du prêt exceptionnel d’un ensemble de gravures de la Bibliothèque Nationale de France. Ces gravures datant du XVIè au XXIè s. sont présentées accompagnées des reproductions photographiques des œuvres originales (tableaux, dessins). Une place particulière est consacrée à Cécile REIMS, graveur de Hans Bellmer, Léonor Fini, et aujourd’hui de Fred Deux. Grâce aux donations de l’artiste, le musée d’Issoudun possède en effet de nombreuses gravures de Cécile Reims
Un catalogue accompagne l’exposition ; 20,5 x 20,5 cm, 63p, 50 ill Editions du Musée de l’Hospice Saint-Roch, 25 €
Illustration: Cécile Reims d'après Fred Deux, La traversée "sacrifice", Burin et pointe sèche 17 x 8 cm Editions Pierre Chave, Vence, 1988.
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