Dans la série de monographies sur les villes arabes qu’il organise depuis quelques années, l’Institut du monde arabe consacre aujourd’hui, en partenariat avec l’Imprimerie Nationale, la Fondation Osmane Aïdi et l’agence Publimod’Photo, une exposition photographique à la ville d’Alep.
Une ville unique au monde
Alep, dont la fondation remonte à 4 500 ans avant notre ère, est la cité la plus anciennement habitée au monde. Le nom d'Halap apparaît dans sa forme actuelle dès 2250 avant J.-C., dans des tablettes qui se rapportent aux deux célèbres royaumes d’Ebla et de Mari. Bâtie sur la route des épices entre la Méditerranée et les confins de l’Orient, elle s’articule autour d’un souk légendaire. Alep est porteuse d’une civilisation qui s’est incarnée avant tout dans une architecture singulière et une activité artistique exceptionnelle. Une succession d’invasions - hittite, perse, byzantine, arabe, mongole et ottomane – l‘a dévastée et transformée. Elle garde les traces de son Âge d’or comme celles des violences passées. La succession des destructions et des refontes, la pérennité d’une population cosmopolite, en font une ville unique au monde.
La “merveilleuse banalité” du quotidien des êtres
Pour qu’Alep demeure à la hauteur de son histoire, ce patrimoine - qui constitue la culture de la population alépine et fonde sa sensibilité artistique - doit rester inséré dans le tissu vivant et actif d’une ville qui n’a jamais cessé d’évoluer. Les photographies réalisées à Alep par Carlos Freire en témoignent. Né à Rio de Janeiro, ce photographe vit à Paris depuis 1973. Ses œuvres figurent dans les collections publiques et privées du monde entier. Outre ses reportages sur les villes d’Alexandrie, Le Caire, Londres, New York ou Venise, il est connu pour ses talents de portraitiste - qu’il s’agisse de Francis Bacon, Marguerite Yourcenar, Octavio Paz, Samuel Beckett ou Orson Welles. Carlos Freire capte le visage des villes à travers la prunelle de leurs yeux, c’est-à-dire de ceux qui y vivent. Il porte sur Alep un regard de voyageur ébahi par la coexistence entre les vestiges d’une histoire millénaire et la “merveilleuse banalité” du quotidien des êtres. Les tirages présentés traduisent bien sa démarche humaniste. Ses photos sont tendres. Alain Jouffroy dit de lui qu’“il entre d’emblée en liaison avec tout ce que rencontrent ses yeux (…) et berce le monde dans sa pensée affectueuse, voyageuse et voyante”.
PUBLICATION
Alep, Carlos Freire & Adonis : 160 pages, ill., 24,5 x 30,5 cm, relié, 45 €, Éditions de l’Imprimerie Nationale.
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