Le Mois de la Photo à Paris est l'occasion pour la Galerie Dina Vierny de présenter les œuvres récentes de son photographe favori Frank Horvat, auquel elle avait consacré il y a deux ans la remarquable exposition Vraies Semblances, où il rescucitait avec bonheur l'atmosphère et le style des œuvres des grands maîtres de la peinture. Il s'agit cette fois de la série La Véronique.
Voyage autour de la maison
Ce projet photographique porte le nom de sa maison en Provence - qui est aussi le nom de sa compagne. Presque toutes les photos ont été faites entre octobre 2002 et septembre 2003, toujours à l'intérieur de la maison ou dans un rayon de cinquante mètres autour d'elle. Cette limite venait moins d'une difficulté à se déplacer - et moins encore d’un parti pris conceptuel - que du constat que le sentiment qui le poussait à regarder et déclencher paraissait diminuer en raison inverse de cette distance. En février 2003, par exemple, le gel avait détruit presque toute la floraison des amandiers. Horvat avait bien repéré, à quelques kilomètres de La Véronique, un arbre épargné, dont les fleurs restaient magnifiques, mais il avait renoncé à le photographier, en se disant que, pour ces fleurs-là, il n'aurait pas ressenti la même tendresse.
L’empreinte d’un regard particulier
Durant cette même période, il travaillait à la re-écriture du texte et à la sélection des images de Time Machine, le compte-rendu de son voyage autour du monde, en 1962 et 1963, et il était inévitablement conduit à comparer les horizons de ce passé à ceux du présent. Les deux projets diffèrent sous bien de rapports, au point qu'un spectateur non averti ne les attribuerait peut-être pas au même photographe : les photos de Time Machine sont en noir et blanc, et destinées à faire partager ses découvertes de voyageur à des lecteurs de magazine, alors que celles de La Véronique sont en couleurs, et faites plutôt pour témoigner d'un contexte qu'il connaissait intimement et d'un temps qui lui semblait précieux. Son intention de jadis était de montrer des personnes, des lieux ou des situations qui lui semblaient d'une signification générale, le propos de La Véronique est de laisser l'empreinte d'un présent et d'un regard particuliers. Ce qui n'empêchera pas le spectateur - s’il le souhaite - d'y associer ses souvenirs et ses références.
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