LA POURPRE ET L'EXIL
L’Aiglon et le Prince impérial

Le château de Compiègne comporte des appartements aménagés sous le Premier Empire pour le roi de Rome et possède de riches collections sur le Second Empire, en partie consacrées aux souvenirs du Prince impérial. À l’occasion du bicentenaire de l’Empire, il propose de découvrir les destins des deux princes, à travers près de 230 pièces provenant de collections publiques et privées, françaises et étrangères - peintures, dessins, gravures, sculptures, documents d’archives, mobilier, objets d’art et photographies. Au-delà des ressemblances et des divergences, l’exposition porte un regard neuf sur deux personnalités dont l’histoire se rejoint. Deux princes héritiers, enfants uniques, l’Aiglon, fils de Napoléon Ier et de l’impératrice Marie-Louise, et le Prince impérial, fils de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie, dont les vies se sont brutalement interrompues à 21 et 23 ans.

Une image romantique

Des deux baptêmes célébrés avec faste à Notre-Dame de Paris, c’est celui du Prince impérial qui offrit le décor le plus remarquable, comme en témoigne le reportage photographique de Charles Marville. Très tôt l’exil guette l’Aiglon que l’on voit évoluer avec grâce en petit jardinier, dans le décor romantique et verdoyant des jardins de Schönbrunn, peint par Carl von Sales. Dans la reconstitution de la chambre du duc à la Hofburg à Vienne - proposée ici pour la première fois - figurent en bonne place, à côté du mobilier prêté par le Hofmobiliendepot et d’objets familiers, sa mallette de peinture. L’image romantique de l'Aiglon, qui doit renoncer à tout destin politique, se diffuse grâce à des artistes comme le peintre Maurice-Michel Daffinger qui réalisa nombre de ses portraits - dont celui de 1830 en uniforme de régiment - ou le sculpteur Pompeo Marchesi avec le buste en marbre de 1835. Ces œuvres s’appliquent à conserver pour la postérité l’image d’un prince séduisant et élégant, emporté tragiquement en 1832, à l’âge de 21 ans.

L’apprentissage interrompu

De son côté, le Prince impérial connaît une destinée heureuse jusqu’au désastre de la guerre de 1870. Photographes et artistes sont nombreux à proposer des images de sa jeunesse au sein de la famille impériale, et de son apprentissage de la vie officielle. Parmi tous les portraits du "petit prince", celui que l’on doit à Jean-Baptiste Carpeaux demeure le plus célèbre. C'est après un séjour à la Cour de Compiègne en 1864 que le sculpteur exécute une série d'œuvres représentant le Prince impérial, dont les deux principales versions en pied sont présentées à l’exposition : Le Prince impérial et son chien Néro et Le Prince impérial au chapeau et aux livres. La guerre de 1870 contraint la famille impériale à l’exil et c’est en Angleterre, à Chislehurst, qu'au lendemain de la mort de Napoléon III le 9 janvier 1873, le prince prétendant, atteignant sa majorité, prend pleinement conscience du rôle qui lui est désormais dévolu. Mais sa mort héroïque, survenue au Zoulouland en 1879, ruine les espoirs du parti bonapartiste.

Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux, Paris, et le musée national du château de Compiègne, dans le cadre du Bicentenaire du Ier Empire.

PUBLICATION :

Catalogue de l'exposition, 18 x 25 cm, 292 pages, 180 illustrations en couleur, 45 € , éditions RMN, diffusion Interforum.