La galerie Pascal Polar présente un aspect moins connu de l’œuvre de Braque, une centaine de bijoux, sculptures, tapisseries, gouaches et lithographies réaliséees à la fin de sa vie avec le concours du lapidaire Heger de Lœwenfeld.
Une œuvre à quatre mains
En 1961, Braque, de plus en plus souffrant, est incapable de travailler longtemps à ses tableaux. Après l’exposition au Louvre consacrée à L’Atelier, il décide de reprendre un certain nombre de ses œuvres, que son ami Heger de Lœwenfeld reproduira en trois dimensions. André Malraux, alors ministre de la Culture, les encourage dans ce projet en proposant une exposition au musée des Arts décoratifs. Les deux artistes prévoient de créer cent œuvres, placées sous l'égide des dieux et des déesses de la mythologie, Les Métamorphoses. Il y en aura 110. Braque, malgré ses 80 ans, s’enthousisasme pour ces sculptures précieuses, et à raison de séances quasi quotidiennes, élabore des gouaches-maquettes, dont la concrétisation en volume lui apporte, dira-t-il, une véritable libération métaphysique. Deux ans plus tard, de Mars à Mai 1963, l’exposition des Bijoux de Braque aux Arts décoratifs connaît un très grand succès. C’est la dernière à laquelle il pourra assister, il meurt le 31 août.
Création et re-création
Ces œuvres, reproduites à tirage limité, sont maintenant largement dispersées. L’Etat en avait acheté 11 pour les musées nationaux à l’issue de l’exposition de 1963, que sont venues compléter, dans le cadre de la donation Braque, la bague au Profil d’Hécate que l’artiste avait offerte à sa femme, et la chevalière La métamorphose d'Éos qu’il portait aux derniers jours de sa vie. L’exposition réunit une trentaine des gouaches originales, des bijoux, des tapisseries et des sculptures, dont quelques unes sont inédites. Un de ses mérites est de faire comprendre le processus créatif des deux complices, en présentant côte à côte gouaches et œuvres finies. Braque reprenait ses œuvres en les synthétisant, Lœwenfeld traduisait en volume. Braque est profondément peintre, et ses rares sculptures sont plus souvent à deux dimensions. Et ce n'est pas la moindre surprise que de retrouver là, grâce à cette transmutation, une sculpture d’inspiration cubiste, alors que les quelques sculptures de cette période, réalisées en papier, ont disparu.
Illustrations : Hermés, la lithographie originale (76x55cm), d’esprit cubiste analytique, et la gouache - maquette (27x24cm) de Braque ayant permis la réalisation de la sculpture correspondante Archives Israel ADAGP 2005
PUBLICATION
Catalogue de l'exposition Métamorphoses Texte d'Armand Israel, 72 pages, 65 illustrations, 24x17cm, Editions Artvox, 15 euro
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