Au bord du Tarn, au cœur des Moulins, Pierre Ardouvin, nous invite pour « une pêche à la truite », exposition-plongée dans un univers doux et amer, quelque peu décalé et désenchanté. Le titre fait référence à un roman de Richard Brautigan, « La Pêche à la truite en Amérique », qui raconte des histoires de paumés dans un monde en marge entre rêves et délires. Sous une enveloppe sauvage et naïve, il ne déroule rien d’autre qu’une profonde métaphysique de la tendresse humaine
Un monde qui prend en même temps l’eau et la fuite
L’artiste nous fait entrer dans un premier espace où dessins et petit drapeau, sorte d’idéal portatif, annoncent l’horizon de l’attente. À deux pompes à essence sous un arc-en-ciel, répondent deux dos au bord de la mer regardant ensemble dans la même direction. Le décor est planté : l’univers de ce mécano fait de bric (enfantin) et de broc (chagrin), bribes d’un monde qui prend en même temps l’eau et la fuite, comme le dit Emmanuelle Lequeux dans un article d’Aden. Quelques pas plus loin, Ma tante nous accueille. Le chien rêve de bijoux de pacotille tandis que le titre fait allusion au surnom populaire donné au Mont-de-Piété.
Illustration : Pierre Ardouvin, Ma Tante.
Une invitation à vivre nos fantasmes collectifs de vie paisible
Dans la grande salle s’est installé un paysage faussement idyllique où se confrontent les questions de rêverie, de désillusion et d’artifice. La sculpture cascade, composée de faux rochers et d’une chute d’eau, renvoie au décor de jardins, aux monuments publics ou à l’art des ronds-points. Cette œuvre, intitulée Le Chaos, évoque les éboulements de rochers, l’idée d’écroulement. La frontière se fragilise entre l’enchantement et le désenchantement. Et puis Le Pays léger est placé dans le tunnel. Une installation composée d’un plongeoir de piscine, sous lequel est fixé un néon bleu dessinant un nuage que l’on voit en reflet dans l’eau du bassin. Le jeu du miroir entre vérité et fiction, réalité et imaginaire peut alors être activé L’exposition La Pêche à la truite est une invitation à vivre nos fantasmes collectifs de vie paisible dans un univers de carton-pâte orchestré selon le goût commun.
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