Buonaparte au bain. Le tyran de la France, dans une baignoire de cristal fait couler tour à tour
le sang et les larmes des Français. Il se plait à nager au milieu.1814
Papier, lithographie Bibliothèque nationale de France |
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MUSÉE DE L'HISTOIRE DE FRANCE
Hôtel de Rohan
87, rue Vieille-du-Temple
75003 Paris
INFORMATION :
Tél : 01 40 27 60 96
Fax : 01 40 27 66 45
www.archivesnationales.culture.gouv.fr
HORAIRES :
Du lundi au vendredi, de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30
Samedi, Dimanche, de 14h à 17h30
Fermé les jours fériés
PRIX D'ENTRÉE :
Plein tarif : 3 €
Tarif réduit : 2,3 € Groupes, Familles nombreuses
Gratuit : Moins de 18 ans
CONTACT PRESSE :
Camille Boisseau,
Tél : 01 40 27 62 56
Fax : 01 40 27 66 45
camille.boisseau@culture.gouv.fr
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Dans ce deuxième volet, le musée de l’histoire de France poursuit son évocation de la légende napoléonienne à l’aide d’une centaine de nouveaux documents originaux - importants ou dérisoires - du testament de Napoléon à son chapeau ou aux « produits dérivés », en passant par des documents audiovisuels et des interviews d’historiens et d’hommes politiques. Bien plus qu’une célébration commémorative autour de la figure impériale, il s’agit toujours d’offrir une préfiguration des salles du futur Musée qui seront consacrées aux mythes fondateurs de notre mémoire commune. Les visiteurs se verront remettre , cette fois encore, un guide de visite contenant un questionnaire sur leur appréciation de l’exposition.
L’homme providentiel
Bonaparte, dès Brumaire, parvint à s’imposer comme l’homme providentiel assurant la défense de la patrie menacée et le retour à l’ordre après les excès révolutionnaires. Puis il lui fallut se maintenir au pouvoir, légitimer le régime par la guerre et justifier la guerre par la propagande. Dès la campagne d’Italie, les moyens de l’Ancien Régime - presse, affiches, guerre, arts, censure - et ceux de l’époque révolutionnaire - discours, fêtes, commémorations - furent systématiquement utilisés par le jeune général, le Premier Consul, puis l’Empereur. On peut distinguer trois moments de la propagande, inventés au fur et à mesure des besoins : héroïque, impérial et christique. Ascension, acmé et chute : trois moments classiques d’une carrière de demi-dieu. En réaction se développa une légende noire dont les excès mêmes contribuèrent à en faire un personnage d’exception au destin hors du commun.
Un héros rédempteur
Vos souverains, nés sur le trône, peuvent se laisser battre vingt fois et rentrer toujours dans leurs capitales : moi je ne le puis pas, parce que je suis un soldat parvenu …dit un jour Napoléon à Metternich. Á Sainte-Hélène, dictant ses mémoires, il se présenta comme un héros rédempteur sacrifié pour le salut de l’humanité. La postérité lui emboîta le pas jusqu’à forger un véritable " messianisme napoléonien ". Dès le couronnement, le régime avait pris une tournure sacrée : Napoléon était empereur « par la grâce de Dieu ». La Saint-Napoléon, fixée au 15 août, jour anniversaire du souverain, avait pris allure de fête nationale. Aux yeux de certains, la dimension surnaturelle du personnage rendait même irrecevable la nouvelle de sa mort. Les thèses les plus fantaisistes se propagèrent. La dépouille de l’Empereur prenant valeur de relique, le retour auprès de son peuple devint un enjeu de politique intérieure et internationale. L’ombre de l’Empereur continuait de planer sur le destin des peuples, selon les paroles mêmes de l’Ajaccienne composée en 1848.
La légende impériale
La légende impériale fut d’abord liée à l’idée républicaine. Puis Napoléon III raviva le souvenir du Premier Empire à son profit. Le fossé se creusa alors entre républicains, qui ne voyaient en Napoléon Ier que le sauveur des acquis de la Révolution, et les bonapartistes, nostalgiques d’un pouvoir fort. Après 1870, rappeler la vaillance des soldats de la Grande Armée permettait de mobiliser les énergies pour récupérer l’Alsace-Lorraine. Entre les deux guerres mondiales, la figure de Napoléon servit à nouveau d’étendard aux bellicistes, notamment lors du centenaire de 1921. Au début de la Restauration, le souvenir napoléonien fut transmis plus ou moins clandestinement par les colporteurs et les demi-solde. La légende napoléonienne fut populaire avant d’être littéraire. Le grand homme ne survivait pas seulement dans les œuvres d’art, il devint aussi objet d’un véritable culte des reliques ou argument publicitaire. De la pièce originale vénérée comme souvenir jusqu’au colifichet reproduit industriellement, l’image de l’Empereur, omniprésente, vacillait entre l’icône et le gadget.
Illustration : Retable représentant Napoléon XIXe siècle Ivoire. Malmaison, Musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau
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