Farid Belkahia, La Dérive des continents
Avec la peinture à l’huile, il n’y a pas d’aventure pour moi. Le henné, la peau, ce sont mes souvenirs, ma grand-mère, le milieu dans lequel j’ai grandi, les odeurs que je connais... . Ce sont ces matériaux naturels qui ont fait reconnaître Farid Belkahia depuis la fin des années 70. Récemment, en tendant une peau de vache sur un support circulaire, l’artiste a pu observer que les traces laissées par le pelage dessinaient la forme des continents. Ainsi a-t-il entamé une série de douze mappemondes qu’il a intitulée La Dérive des continents. Ces douze mappemondes, qui roulent sur elles-mêmes, se jouent des points cardinaux et brouillent tout repère. Les continents sont "désorientés". Au temps des Conquistadores, l’art de la cartographie avait l’ambition de reproduire toujours plus fidèlement la réalité. Farid Belkahia transcende cette géographie et fait de ces peaux tendues des tambours imaginaires sur lesquels il trace les bruits du monde, les maux de l’humanité et l’espoir que l’homme puisse se réconcilier avec lui-même.
Les douze mappemondes constituent son œuvre la plus récente, mais l’artiste montre également des pièces plus anciennes, comme une représentation de Jérusalem et une main de grande dimension. Cette main ouverte symbolise travail de Farid Belkahia : la quête d’un monde où l’homme serait réconcilié avec l’origine.
Ziad Dalloul, Rompre avec la rupture
Né dans un site montagneux en Syrie, Ziad Dalloul a vécu quelques années à Alger et dans le désert algérien, avant de s’installer définitivement à Paris. Les couleurs de ses œuvres sont terrestres : noires et calcinées, ocres ou sépia.
Ziad Dalloul s’efforce depuis toujours de rapprocher le monde de la peinture et celui de la gravure : il traite les plaques avec une technique qui permet de lier ses œuvres gravées à la peinture. Il assure ainsi une continuité entre ses réalisations et une profondeur unique.
La technique utilisée pour donner de la profondeur à ses tableaux n’est pas celle de la perspective mise au point par les peintres de la Renaissance. Dalloul superpose les plans comme dans une miniature orientale ou une estampe d’Extrême-Orient : entre la masse noire qui s’impose dans toutes ses œuvres, et qui en est une seconde signature, et les fonds lavés presque transparents, il reste l’abîme dans lequel l’œil plonge et circule. Pour lui, la rupture n’existe pas : chacun cultive son musée imaginaire, qui regroupe des œuvres issues d’époque différentes, mais ayant toutes un lien avec les autres. À chacun d’apprécier dans cette rétrospective, l’absence de rupture dans les couleurs et les techniques, et l’unicité de la sensibilité de leur auteur.
PUBLICATIONS :
Catalogues des expositions : FARID BELKAHIA, 80 pages, 25 x 25 cm. © Institut du monde arabe, 2005, 18 €.
ZIAD DALLOUL, 72 pages, 25 x 25 cm. © Institut du monde arabe, 2005, 18 €.
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