Le château de Bois-Héroult conservait un groupe sculpté de l’Annonciation particulièrement remarquable. Découvert et publié en 1928, il n’a été montré au public qu’une seule fois, à Rouen, en 1930. Il a été préempté en vente publique avec le concours du Fonds du patrimoine et de l’Association pour le rayonnement du musée national du Moyen Âge. Son acquisition permet au musée de compléter sa très belle collection de sculptures de la fin du Moyen Âge par une œuvre monumentale.
Un cadre de vie quotidienne
L’iconographie est classique : l’ange est représenté agenouillé devant Marie, elle aussi agenouillée face à un pupitre sur lequel elle vient de feuilleter son livre, se retournant légèrement vers Gabriel. Marquant à la fois la surprise et l’acceptation de la Vierge par son mouvement, cette disposition est l’une de celles qui sont retenues, au moins depuis le XIVe siècle, pour insérer la scène dans un cadre de vie quotidienne. On la trouve déjà dans de nombreuses enluminures, comme celles du Bréviaire de Martin d’Aragon.
Un style encore sans pareil
La finesse de l’exécution est particulièrement remarquable. Le visage de l’ange rappelle très clairement certaines sculptures de la collégiale de Blainville, notamment son saint Georges en bois polychrome. Un cercle de tête en perles retient ses cheveux frisés. La Vierge, quant à elle, témoigne d’un style qui semble encore sans pareil. Son front largement bombé et épilé très haut, lui confère une rare élégance. Les yeux sont finement dessinés, les paupières supérieures assez proéminentes, le nez court et légèrement retroussé, la bouche, petite, esquisse une sorte de moue.
Une œuvre ancrée dans le monde
Chez l’un et l’autre personnage, les vêtements sont traités avec un soin et un luxe de détails qui, même dans l’ambiance de la fin du XVe siècle, témoignent d’un souci de précision et d’une volonté d’inscrire la scène dans une réalité particulièrement puissante. Le petit meuble servant de pupitre est lui aussi travaillé avec un foisonnement d’éléments précis qui, là encore, participe à l’ancrage de l’œuvre dans le monde.
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