MEMLING ET LE PORTRAIT

En collaboration avec la Frick Collection à New York et le Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid, le Musée Groeninge a monté la première exposition entièrement consacrée aux portraits de Memling. On n’a perçu que récemment l'influence que Hans Memling a eu sur les portraitistes européens de la fin du XVe et du début du XVIe siècle, L’exposition organisée à Bruges en 1994, pour le 500e anniversaire de sa mort, en montrant la nouveauté et le métier exceptionnel que dénotent ses portraits, est à l'origine d'une réévaluation d’un aspect de son art un peu trop longtemps négligé.

Une formule de coopération originale

La très grande fragilité des tableaux constituait une difficulté majeure pour l’organisation d’une exposition itinérante de cette envergure. Elle a entraîné une formule originale de collaboration, où chaque musée éclaire plus particulièrement un aspect de l’art du portrait chez Memling à partir de l’orientation et du contenu de ses propres collections. Le cœur de l’exposition est constitué par un ensemble de portraits de Memling provenant pour l’essentiel des trois musées, que chacun complète localement. Autour d’une même thématique, chaque exposition est ainsi différente et complémentaire.

Un très grand savoir faire

Les peintres flamands avaient coutume d’inclure les donateurs dans le contexte religieux du tableau. Memling était le plus grand peintre travaillant dans ce format, et les portraits de ses commanditaires y occupaient une place prépondérante. Mais ses portraits proprement dits constituent un groupe à part. Il y appliquait des formules inventées des années plus tôt par d’autres artistes flamands, en y ajoutant des éléments nouveaux. Il donnait aux décors - fonds, intérieurs et paysages - une sobriété qui permettait de concentrer toute l’attention sur le visage du sujet - généralement peint en buste avec un objet à la main - et il avait un talent particulier pour rendre les mains reposant sur un bord invisible ou sur le cadre. Dans toutes ses œuvres, les personnages comme les paysages témoignent d’un très grand savoir-faire.

Illustration : Hans Memling, L'Homme à la flèche, National Gallery of Art, Andrew W. Mellon Collection, Washington D.C.

Des regards croisés

La richesse et la diversité de la collection du Musée Thyssen-Bornemisza lui ont permis de mettre en évidence l’influence que Memling a eue sur la peinture de la Renaissance en Italie et en Europe du Nord. La Frick Collection s’attachera plus particulièrement à l’évolution artistique de Memling à travers ses portraits de 1460 à 1490, où toute innovation devait tenir compte des goûts d’une clientèle plutôt conservatrice. Grâce à la richesse de leur patrimoine, les Musées municipaux de Bruges, pour leur part, montrent le contraste qui existe entre les portraits libres de Memling et ses œuvres de commande, et illustrent le rôle spécifique joué par le portrait dans le développement de l’art des Primitifs flamands. L’exposition comprend une sélection réduite mais très représentative du portrait flamand à ses débuts, par des artistes tels que Jan van Eyck, Robert Campin, ou l’atelier de Van der Weyden

PUBLICATION

Catalogue de l'exposition en néerlandais, français, anglais et allemand. Textes de Till-Holger Borchert, Lorne Campbell, Paula Nuttall et Maryan W. AinswortI, 192 pp., ill. 24x30,5 cm. Editions Ludion (Gand et Amsterdam) 2005, broché : 30 €, cartonné : 40 €.

L’exposition présentée au Musée Thyssen-Bornemisza à Madrid, du 14 février au 15 mai 2005, et au Musée Groeninge à Bruges, jusqu’au 4 septembre 2005, sera à la Frick Collection à New York, du 12 octobre au 31 décembre 2005.
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