Les musées d’Issoudun, de Céret et de Roubaix possèdent, chacun dans leurs collections, des œuvres de Pignon. Ils se sont associés pour proposer cette exposition entre Art et Art décoratif, entre dessins, peintures et céramiques - la première en France depuis 1954 consacrée au travail de céramiste d’Edouard Pignon. En rassemblant plus d’une centaine d’œuvres peintes et sculptées sur argile pour les confronter à un ensemble de dessins, aquarelles, et huiles auxquelles elles sont étroitement liées. elle offre une vision nouvelle de l’artiste né il y a cent ans, dont on perçoit mieux aujourd’hui à la fois l’inscription dans son époque et toute l’originalité de la démarche.
Le renouvellement de la céramique vallaurienne
La production de poteries de Pignon coïncide avec une période intense de sa vie depuis que Picasso, dont il a fait connaissance en 1937, lui a offert de s’installer dans ses ateliers du Fournas à Vallauris pour « mener ensemble une vie de peintre ».Dès 1951, Pignon est de ceux, comme Brauner ou Chagall, qui s’initient à la poterie et contribuent, après Picasso, au renouvellement de la céramique vallaurienne. Entre 1951 et 1954, Edouard Pignon produit au sein de la poterie Vallau-Céram, avec l’aide des maîtres potiers Blaise Aïello et Félix Vial, près de deux cents vases, plats et pièces de forme, toujours des pièces uniques, dont les dimensions parfois imposantes s’allient à la vigueur des décors.
Un art autre
Reprenant la thématique de sa peinture - port et voiles d’Ostende, catalanes, maternités, têtes de mineurs et têtes de faunes, vendangeurs, homme à l’enfant, et en l’adaptant aux exigences de la poterie, Pignon voit dans la variété des formes qui lui imposent leurs rythmes des surfaces propices à l’exaltation de sa fantaisie créatrice. À côté de pots usuels, il dessine des vases renouant avec la tradition, réinterprétant les formes des céramiques antiques et des poteries régionales. Usant à plaisir de cette dichotomie tourneur-décorateur, il imagine et élabore des vases zoomorphes qui sont les produits de ces analogies et de ces rimes plastiques. Il s’inscrit dans la démarche qui, de Paul Gauguin à Lucio Fontana en passant par les Fauves ou les membres de Cobra, a amené peintres et sculpteurs à un « art autre ».
Tout l’univers des arts appliqués
L’exposition fait une place au prolongement du travail céramique avec les "céramiques sculptures", dont l’artiste reçoit les commandes à partir des années soixante-dix, en présentant des maquettes préparatoires - faites de montages utilisant la gouache, le crayon et le collage de photo - restées jusque-là inédites. Pour montrer les incursions de l’artiste dans l’univers des arts appliqués et souligner les rapports existants entre dessin, peinture et céramique, elle associe dans la scénographie les œuvres de même thématique. Et lors des étapes à Céret et Roubaix, elle proposera un autre aspect tout à fait inédit de l’œuvre avec les études pour les costumes de théâtre – pour le T.N.P. de Jean Vilar – qui ne sont pas sans lien avec les sujets traités dans la peinture et la poterie.
Illustration : Édouard PIGNON Vendanges 4 janvier 1953, grand vase, h. 52 cm, terre cuite blanche, peinture à l’engobe.Collection particulière. Photo Alain Leprince – Musée d’art et d’industrie, la Piscine de Roubaix
PUBLICATION
Catalogue de l’exposition : Textes de Philippe Bouchet, Martine Denoyelle, Françoise Gaultier, Isabel Bonora, Anne Lajoix et Mady Ménier, 240 p.300 ill., édité par les musées et Les Editions d’art Somogy
L'exposition aura lieu ensuite à Céret, au Musée départemental d'art moderne du 29 octobre 2005 au 29 janvier 2006, puis à Roubaix, à La Piscine Musée d'Art et d'Industrie André Diligent, du 3 mars au 28 mai 2006.
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