D'ORPHÉE À JULES VERNE
Voyage dans l'imaginaire des mondes souterrains

Qu’y a-t-il sous nos pieds? Sous la mince couche de bitume, d’herbe ou de roche? Dans l’obscur, le compact du sous-sol? Et dans ses creux, ses grottes, ses gouffres, ses précipices, ses mines? D’où viennent ces grondements, ces sifflements, ces chaleurs, ces fumeroles, ces laves, ces feux, ces gaz puants, mortifères, ces épanchements incendiaires? Pour cette nouvelle exposition du Centre Historique Minier, la réalité du monde souterrain de la mine cède la place à l’imaginaire de la mythologie, des contes et des légendes en sous-sol, de l’Antiquité à nos jours, en Europe.

Les voix de la Terre

Dès l’Antiquité, les hommes donnent une voix à la terre et peuplent son sous-sol. Les morts se retrouvent aux Enfers, lieu de passage incontournable. Avec l’arrivée du christianisme, l’Enfer se singularise. Les pécheurs y sont punis et tourmentés par d’innombrables démons, dont les représentations constituent un incroyable bestiaire.. La description la plus précise de ce lieu nous a été transmise par Dante, dont La Divine Comédie n’a cessé d’inspirer les artistes. Parallèlement aux croyances religieuses se développe tout un imaginaire populaire. Une simple montagne devient un lieu enchanté, dans lequel les légendes font vivre des rois, des nains, des lutins et où se côtoient dragons et dames blanches

Bruits et chuchotements

Pour évoquer ces légendes et ces utopies, il fallait concevoir une scénographie spectaculaire et créer une atmosphère propre à rendre la fantasmagorie du thème. Ambiance ténébreuse, décors inattendus, symbolique des contes et légendes du sous-sol, machine infernale, bruits et chuchotements diffusés dans l’obscurité, ponctuent un parcours par ailleurs illustré de reproductions de tableaux - Dirck Bouts ou Lucas de Leyde - de dessins et gravures - Botticelli, Gustave Doré, Barcelo -, d’extraits d’opéras - Orfeo de Monteverdi - , de films - Les Nibelungen de Fritz Lang - , de statuettes de nains et autres créatures du sous-sol.


Illustration : Le Wichtlein, Roland et Claudine Sabatier

Réalité scientifique et imaginaire

De salle en salle, le visiteur erre dans les enfers antiques pour y rencontrer Orphée ou Ulysse, découvre les supplices infligés aux damnés - du Moyen Age au XVIIe siècle-, fait d’étranges rencontres avec les nains et les dragons des profondeurs, avant de confronter l’imaginaire à la réalité scientifique dans les voyages extraordinaires de Jules Verne qui s’effectuent dans les profondeurs du globe: Le Voyage au Centre de la Terre et Les Indes Noires consacré aux mines de charbon en Ecosse. En fin de parcours, dans une salle obscure, seule une diffusion sonore de bruits divers permet au visiteur de réaliser que, ainsi que le dit D.H. Laurence, L’oreille peut entendre plus profondément que l’œil ne peut voir. De retour à l’air libre des temps modernes, il sera temps de se demander si la science laisse encore de la place à l’imaginaire.

AUTOUR DE L'EXPOSITION

Ateliers d'arts plastiques pour les enfants des centres de loisirs en juillet et août, festival de cinéma dans les salles d'art et d'essai du Nord/Pas-de-Calais d'octobre à décembre.