Robert Couturier fête ses cent ans cette année. C’est la première fois qu’un artiste français célèbre son centenaire en accompagnant une exposition de son œuvre. Sa dernière rétrospective avait eu lieu à la Monnaie de Paris en 1975. Celle-ci réunit une centaine de sculptures et 20 dessins - provenant de collections publiques et privées, de galeries et de la collection de l’artiste - qui couvrent sa longue carrière, initiée au début des années vingt et qui s’est poursuivie jusqu’au début de ce siècle.
Renouveler la représentation de l’homme
Robert Couturier est le dernier représentant de la sculpture française des années 50, d’une génération d’artistes - Germaine Richier, Alberto Giacometti - qui a pendant la Seconde Guerre mondiale choisi de se tourner vers l’homme et d’en renouveler la représentation. L’artiste se fait très rapidement remarquer à ses débuts. Aristide Maillol - dont il devient l’élève et l’ami - est séduit par ce qu’il appelle l’aspect mal foutu de sa sculpture. Ses premières sculptures, amples, larges et généreuses dans leurs volumes, portent la trace de l’influence de son maître. Le nu féminin devient sa principale source d’inspiration, qu’il n’a cessé d’interpréter durant toute sa vie. Il obtient sa première commande publique pour l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris en 1937, et réalise, à cette occasion Le Jardinier, seule figure masculine dans cet ensemble féminin.
Un art de la suggestion plus que de la représentation
Pendant la guerre, son oeuvre propose des esthétiques différentes, en rupture avec Maillol. Après-guerre, il s’oriente vers des figures étirées à la complexion maigre, voire squelettique. Les œuvres de la fin des années 40 et 50 montrent des sculptures d’un grand équilibre formel, construites selon une géométrisation des formes faites de plans et de volumes très simplifiés. Robert Couturier accorde une place de plus en plus importante au vide qui structure la figure et la compose. Sa sculpture devient un art de la suggestion plus que de la représentation. Il se définit plus comme un dessinateur de la sculpture qu’un modeleur, en privilégiant la ligne plus que les masses. Ses dernières œuvres témoignent de l’incroyable vivacité et du renouveau de sa création. Ce sont aussi bien de petites constructions faites d’objets récupérés et détournés que des sculptures monumentales
Illustration : Robert Couturier, Le Guerrier, 1958. Bronze 47 x 11,5 x 6 cm. Collection particulière. Photo Frank Horvat.
Le regard de Frank Horvat
La longue carrière de Robert Couturier montre la coexistence d’un langage de formes diverses - étirées, creuses, pleines - comme autant de moyens d’expression interchangeables qui affirment sa volonté de refuser de se lier à un même style. Les matériaux les plus divers coexistent dans le temps : pierres, plâtres, bronzes et sculptures d’assemblage faites de toutes sortes de supports récupérés au hasard de rencontres. L’exposition présente aussi, en regard des sculptures de Couturier, vingt photographies de Frank Horvat, figure incontournable de la photographie française, Ces photographies de sculptures, qui constituent aussi l’iconographie du catalogue, présentent ainsi le regard croisé d’un artiste photographe sur le travail d’un artiste sculpteur. Frank Horvat nous propose de lire autrement la sculpture de Robert Couturier et nous offre aussi sa propre perception de l’œuvre.
Illustration : Robert Couturier, vu par Frank Horvat.
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PUBLICATION
HORVAT photographie COUTURIER.Textes de Dina Vierny, Frank Horvat et Valérie Da Costa. 24,5 x 33 cm, 230 p., 54 ill. coul. Broché avec rabats ; Coédition éditions Gallimard / musée Maillol: 35 €
COUTURIER, un regard sur la vie. Film de Dominik Rimbault Collection DVD du musée Maillol
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