Rares sont les amateurs d’art qui ne connaissent pas Le déjeuner sur l’herbe de Renoir. Beaucoup moins nombreux sont ceux qui savent que l’original se trouve à la Phillips Collection de Washington, l’un des plus importants et anciens musées privés d’art moderne au monde. Jean-Louis Prat a sélectionné pour le Musée du Luxembourg un remarquable ensemble de soixante-sept des tableaux et sculptures qu’elle abrite - parmi lesquels nombre de chefs-d’œuvre. C’est la dernière occasion d’admirer ces œuvres en Europe, avant leur retour définitif dans les salles rénovées du musée à Washington en avril 2006.
La première collection d’art moderne d’Amérique du Nord
La collection est toujours installée à Washington dans la maison construite par les Phillips en 1887, mais l’on est passé des deux pièces qu’ils ouvraient au public quelques jours par semaine en 1921-- c’était alors le premier musée d’art moderne aux États-Unis, le Museum of Modern Art de New York n’ayant ouvert ses portes qu’en Novembre 1929 -- à tout l’immeuble agrandi et surélevé bien des fois, tandis que la collection décuplait, de 200 à plus 2000 œuvres. Un musée d’art moderne et de ses sources précisait son fondateur Duncan Phillips. Et qui, compte tenu de l’importance de la peinture américaine, est aussi devenu un musée d’art contemporain.
Un musée d’amateur
Il n’y avait pas, du vivant de Duncan Phillips, de règles ni de politique d’acquisition précises autres que ses propres goûts. La « Philipps » est une collection de réflexion et de coups de cœur, avec des choix à la fois traditionnels, hardis et visionnaires. C’est chez lui que Bonnard est apparu pour la première fois dans un musée américain, tout comme Nicolas de Staël ou Milton Avery. Seize Bonnard, et un seul Renoir, Le Déjeuner. Au Dr Barnes, fier de sa centaine de Renoir, souvent inégaux, qui s’en étonnait, Duncan avait répondu Oui, et c’est le seul qu’il me faut. Bref, on trouve là toutes les qualités d’un musée d’amateur, patiemment et passionnément construit, et cette exceptionnelle collection est probablement l’une des plus parfaites par sa cohérence et la qualité de ses oeuvres.
Les grands maîtres de la modernité
Le choix fait pour Paris est un parfait reflet de ces qualités, une exposition « à la Phillips » : un nombre réduit de tableaux, permettant mise en perspective et rapprochements. Véritable hommage à la passion de son fondateur, mais aussi à l’art moderne et à ses origines, il met en exergue la filiation et les liens entre les grands maîtres de la modernité européenne - Honoré Daumier, Pablo Picasso, Paul Cézanne, Vincent van Gogh, Georges Braque, Juan Gris, Paul Klee, Henri Matisse, Nicolas de Staël, Francis Bacon, entre autres - et l’extraordinaire génération d’artistes américains d’après-guerre tels qu’Edward Hopper, Richard Diebenkorn, Clyfford Still et Sam Francis. Un ensemble qui, comme le voulait Duncan Phillips pour son musée, où chaque élément est posé à sa place, dans une vision d’ensemble, exactement comme l’artiste construit son monument ou son décor.
Illustration: Wassily Kandinsky, 1866-1944 Automne II, 1912 Huile et glacis sur toile, 60,5 x 82,5 cm Collection Phillips, Washington, D.C.
PUBLICATIONS
Catalogue de l’exposition, introduction de Jean-Louis Prat, pleines pages couleur de toutes les oeuvres exposées, 176 p , reproduction en pleines pages couleur de toutes les oeuvres exposées. Éditions Skira 32 € .
Double DVD Visite de l’Expositionavec une interview de Jean-Louis Prat et d’Yves Marek présentant les parallèles entre le Musée du Luxembourg et la Collection Phillips, ainsi qu’un parcours virtuel de l'exposition édité par sVo Art 23 € .
Livret-jeux proposant un parcours pédagogique de l’exposition et édité par sVo Art en collaboration avec Le Petit Léonard, magazine d’initiation à l’art des éditions Faton, remis aux enfants à l’occasion de leur visite.
Guide officiel de l'exposition, édité par sVo Art en collaboration avec Paris Match 36 p., 5€.
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