Le paysage de montagne et de marine continue d’être un sujet prisé par les peintres contemporains désireux soit de renouer avec une tradition picturale qui va de Dürer à Caspar David Friedrich, soit de produire un espace réinventé. Dans le cadre de sa programmation consacrée aux artistes d’aujourd’hui, le Musée Paul-Dini propose un acte 2 à son travail de recherche sur la représentation du paysage, en développant cette fois la thématique des Cimes et marines.
Montagne sublimée et montagne réinventée
La montagne est associée aujourd’hui à la glisse et à l’escalade des sports d’hiver. Elle suscite chez certains artistes une autre perception de sa nature monumentale et fascinatrice. Ce retour à une perception nouvelle entraîne un désir de la peindre de manière sérielle, avec les puissants coups de pinceau d’H. Dymond ou la manière fantomatique de Numa Droz. Cette sensibilité devant une nature sublimée ou réinventée nous questionne sur les modes ou codes de représentation de la peinture. C’est à cette lecture que l’exposition invite le visiteur. Elle offre à travers la vision d’Hilary Dymond une montagne sublimée, et à travers celle de Numa Droz une montagne réinventée
La vague vécue comme une abstraction
L’univers minéral d’Hubert Munier sert de transition avec ses paysages de montagne plongeant vers la mer et nous permet de présenter les vues sur lesvagues de Patrice Giorda. Ces ourlets passionnés des vagues, des remous de la mer annoncent une nature indomptée, calme ou furieuse devant laquelle le peintre recompose l’espace marin. La mer s’avère un réservoir puissant devant lequel l’homme éprouve le paysage. L’artiste se confronte au motif de la vague vécue comme une abstraction et c’est en ce sens qu’il faut ressentir ce mouvement pictural de Patrice Giorda. Au gré de la houle, la vague se creuse et se déverse dans un rapport matériel entre l’air et le sable.
Le calme trompeur des plages
Au contraire de cette matérialité avec une eau violente, Marc Desgrandchamps aborde le sujet de la plage avec une couleur quasi-transparente et légère. La simplification des plans entre le sable, l’eau et le ciel l’amène à construire un paysage sur lequel se meuvent des figures féminines. La fureur des éléments naturels des vagues de Patrice Giorda s’avère dans la fébrilité du pinceau tandis que le calme trompeur des plages des triptyques de Marc Desgrandchamps nous entraîne dans un paysage inventé et habité de figures évanescentes. Dans ces espace recomposés, se situe la représentation singulière de Marc Desgrandchamps avec ses triptyques où les personnages s’évanouissent presque devant l’horizon marin.
Illustration : Numa - Droz (Rennes, 1953) Au delà des monts 2003 Huile sur médium Collection de l'artiste
PUBLICATION
Catalogue de l'exposition Cimes et marines. Paysages, visions de la peinture d’aujourd’hui. Acte 2. 40 p. ; 35 rep. Couleurs : 8,50 euros
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