Dans le cadre de Francofffonies ! le Festival francophone en France et à l’occasion de la participation importante de Jocelyne Alloucherie à La Biennale Urbi & Orbi à Sedan du 9 juin au 2 juillet, le Centre culturel canadien présente, en collaboration avec la Galerie Françoise Paviot et pour faire suite au projet réalisé pour la galerie Nuova Icona, L’Envers une œuvre récente et inédite en France, exposée pour la première fois en octobre et novembre 2005 dans l’Oratorio San Ludovico à Venise.
Une pratique artistique d’une remarquable cohérence
Née en 1947 au Québec, la photographe, sculpteur, et artiste conceptuelle Jocelyne Alloucherie n’a cessé de développer une pratique artistique d’une remarquable cohérence. Depuis plusieurs années, elle met en question le rapport entre le lieu d’exposition et le spectateur, à travers des éléments sculpturaux souvent très volumineux et des images photographiques. Elle propose en même temps une réflexion sur la relation complexe qui s’établit pour chacun entre la perception de l’espace physique et l’espace mental, dans le jeu des mouvements subtils entre l’imaginaire collectif et l’imaginaire individuel. Son œuvre invite à une expérience esthétique ancrée à des formes dépouillées, suggestives, tendant vers l’abstraction, façonnées par une approche minimaliste qui cherche à libérer l’oeuvre de tout rapport anecdotique au réel.
Une représentation de la lumière et des temporalités qui y sont associées
Constituée de cinq photographies et de cinq lampadaires suggérant les traditionnels supports de flambeaux des églises vénitiennes, l’installation présente une composition d’une grande subtilité visuelle, en forme de contrepoint entre des sources de projection et des ombres projetées. Monumentales et simplement posées à même le sol, images non précieuses exposant pourtant leur support matériel -la photographie elle-même - à travers la mise en scène de leur support de projection - le mur qui reçoit les ombres projetées d’arbres et de feuillages -, les objets photographiques de L’Envers sont accompagnés d’étranges réverbères qui ne les éclairent guère mais produisent un singulier effet de présence humaine. Sans créer d’opposition, et en misant plutôt sur des effets de renversement et de complémentarité, engendrant des glissements de sens et ménageant de fines ouvertures, L’Envers est une représentation de la lumière et des temporalités qui y sont associées. Le passage du jour de la lumière naturelle à la nuit, impliquée par la lumière artificielle, passe par la fixation des moments de la journée que traduisent les ombres variant en longueur et en intensité.
La pertinence des choix
Ces ombres, silencieuses, délocalisées, enveloppantes, révèlent le paradoxe d’une présence absente, de l’individu qui regarde, du spectateur invisible mais suggéré comme un être solitaire et contemplatif. Les lampes sculpturales mais fonctionnelles, évocatrices des lampadaires modernes de nos cités, seraient les relais de cette présence absente, des éclaireurs relativement froids qui dissipent l’idée d’un monde onirique et inquiétant de la nuit, pour y substituer celui de la vie commune, urbaine, active, efficacement protégée par le contrôle d’un éclairage public qui se veut également esthétique. Les ombres racontent un état précaire des choses, une notation des jeux de la lumière diurne dans l’exploration furtive d’un lieu, une séquence qui serait d’ordre assez général pour être partagée dit Jocelyne Alloucherie .L’inclusion, dans une œuvre, d’un niveau de référence général - qui en constitue à la fois l’accès et l’ouverture - n’est jamais une préoccupation simple ou arbitraire. Cela s’arrête par approximation, lentement, patiemment, comme si l’on marchait sur une corde raide. Il se profile ici une exigence terrible que peu de gens soupçonnent : plus une œuvre se veut ouverte, plus ses composantes appellent à la pertinence des choix qui la mettent en forme.
PUBLICATIONS
En collaboration avec la Galerie Françoise Paviot, le Centre culturel canadien a édité six cartes reproduisant les photographies de l’exposition. Un catalogue trilingue, édité par la Galerie Nuova Icona de Venise, accompagne l’exposition et est disponible sur demande.
Vivant et travaillant à Montréal, Jocelyne Alloucherie a reçu des prix prestigieux (Prix Paul-Emile Borduas, prix d’excellence du Québec en arts visuels, 2002 ; Prix du Gouverneur Général du Canada, section des arts visuels et arts médiatiques, 2000 ; Prix Martin Lynch Stanton, Conseil des Arts du Canada, 1987). Elle a beaucoup exposé en Italie et en France, où elle est représentée par la galerie The Box (Turin) et la Galerie Françoise Paviot (Paris).Elle a participé à de nombreuses expositions collectives parmi lesquelles : Confluence (2005) au Musée canadien de la photographie contemporaine, Ottawa et à la London Art Gallery, London (Ontario) ; La Disparition (2004) au Centre Vu, Québec ; Huit artistes (2003) au Centre d’art contemporain de Varsovie ; Les Détours de la représentation (2002) au Musée du Québec, Québec . Ses plus récentes expositions personnelles incluent : Pièges (2005) à FORVM, Tarragona ; Les monuments du funambule (2005) au Centre d’exposition de l’Université de Montréal, Montréal .. Elle a participé à plusieurs expositions en France et en Italie parmi lesquelles : L’Envers/Inside Out/A Rovescio (2005) à Nuova Icona, Venise ; 1995-2005 (2005) à la Galerie Françoise Paviot, Paris ; Camera Lucida (2004) au Convento dei Cappuccini, Caraglio
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