Inauguré le 24 juin 1961 par André Malraux, le musée Malraux - premier musée reconstruit en France après la guerre - a été conçu par deux élèves d’Auguste Perret, Guy Lagneau et Raymond Audigier, sur les principes novateurs de flexibilité et de transparence. La légèreté de la structure, faite d’acier, d’aluminium et de verre, les cimaises suspendues, l’ouverture des espaces permettaient le mouvement permanent des collections. L’accroissement des collections et des activités avaient néanmoins entraîné une rénovation complète en 1999. Sept ans plus tard, la même équipe d’architectes a dû repenser l’aménagement muséographique d’une partie de la mezzanine pour installer comme elle le méritait la donation Senn-Foulds, qui achève de faire du musée Malraux un lieu majeur pour tous ceux qui s’intéressent à l’art français au tournant des XIXe et XXe siècles. Il rouvre aujourd'hui ses portes en présentant à la fois ce qui est désormais la seconde collection impressionniste de France et une très originale exposition d’art contemporain..
La mer élément majeur de la scénographie
Dans la zone de la mezzanine autrefois cloisonnée pour présenter les collections romantiques et les œuvres de Boudin, les cimaises se révélaient peu adaptées à la présentation d’œuvres lumineuses comme celles de la donation Senn-Foulds. La proposition de Laurent et Emmanuelle Beaudouin, Sandra Barclay et Jean-Pierre Crousse a consisté à remodeler l’implantation des cimaises, à les installer perpendiculairement à la façade ouest (côté mer), comme à l’étage inférieur, de manière à laisser la lumière naturelle pénétrer largement les nouvelles salles. La création d’un puits de lumière supplémentaire contribue à cet éclairage naturel et crée également une perspective intéressante sur le paralume de Jean Prouvé, jusque-là peu visible depuis les salles. L’espace, rendu à la lumière de l’estuaire, y gagne aussi en surface d’accrochage. Le regard traverse désormais le bâtiment de part en part, de la grande cimaise « Boudin » au paysage de l’entrée du port, des œuvres à la mer toute proche, celle-ci devenant désormais un élément majeur de la scénographie. La fluidité de la circulation favorise aussi le dialogue des tableaux avec la lumière qui les a vu naître.
Un cabinet de dessins
Parallèlement, un cabinet de dessins a été créé, dans la continuité des nouvelles salles Senn, pour présenter les œuvres graphiques de la donation, mais aussi celles provenant des collections historiques, des dons et legs Boudin, Marande et Dufy. Un accrochage renouvelé tous les trimestres permettra de découvrir ce fonds jusqu’à présent très peu exposé. Il présentera au public un échantillonnage de la collection d’arts graphiques du musée Malraux, riche de près de mille cinq cents objets. Fort peu connu du grand public, cet ensemble couvre un large panorama de l’histoire de l’art depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours et comporte, par exemple, des œuvres de Boucher, Valenciennes, Greuze, Géricault, Daumier, Bonington, Boudin, Pissarro, Sisley, Derain, Dufy, Foujita, Adam… enrichies tout récemment des cent trente dessins de la donation Senn-Foulds. Pour inaugurer ce nouvel espace, le musée présente quelques-unes des pièces de la collection de Charles-Auguste Marande. C’est l’occasion de souligner de nouveau les étroites similitudes que présentent la collection Marande et la collection Senn. L’intérêt prononcé de Charles-Auguste Marande pour l’impressionnisme, clairement affiché dans ses choix en matière de peinture, continue de s’affirmer dans sa collection de dessins forte notamment d’un Jongkind, d’un Sisley, d’un Pissarro, de quatre Maufra et de trois Ravier.
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Illustration : Vue Intérieure du Musée Malraux. Photo : Florian Kleinefenn
Acquisitions et expositions
Le mouvement continue… En décembre dernier, le Havre a acquis pour le musée un ensemble exceptionnel de céramiques fauves d’Emile-Othon Friesz, provenant d’un décor pour la façade d’une villa à Sainte-Adresse, dans la baie du Havre. Ce sera l’une des pièces majeures de la rétrospective Emile-Othon Friesz qu’il prépare pour 2007-2008 en collaboration avec le musée d’Art et d’Industrie de Roubaix et le musée d’Art moderne de Céret.
Avec Arts Le HavreContinuum », une exposition réunissant autour du palindrome - un thème qui s’inscrit toujours au cœur des grands enjeux actuels de l’art contemporain - le travail d’artistes de la scène internationale, de Gary Hill et d’Hervé Robbe à Dana Claxton ou Ed Ruscha, décliné à travers divers médias - vidéo, sculpture, photographie, littérature... L’exposition est liée à la double lecture que permet la structure du palindrome, à ses renversements divers, au dialogue qui rend possible sa lecture de gauche à droite et de droite à gauche. Autant de réflexions sur les questions du double, de la contemplation ou de l’éternel recommencement.
Quant aux collections demeurant en réserve, elles seront exposées par roulement dans la salle d’exposition temporaire, sous forme d’expositions thématiques ou chronologiques. Une première manifestation est prévue au printemps 2007, en partenariat avec le FRAC Haute-Normandie, autour des collections du XXe, et plus particulièrement celles des années 1945 à 1970
Illustration: André DERAIN, Bougival, vers 1904, huile sur toile, 41,5 x 33,5 cm Collection SENN - musée MALRAUX.
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