Inauguré en 2003 par la Ville d'Épinal, le Musée de l'Image fait peau neuve en proposant, dès le 1er juillet 2006, des salles rénovées, l'ouverture d'une petite salle d'accrochage qui permettra la mise en place d'expositions courtes et thématiques et un hall réaménagé pour le bien-être de ses visiteurs. L’année 2006, placée sous le signe de l’amour des Images et ponctuée de manifestations diverses, est l’occasion de présenter une sélection des plus remarquables images populaires, exceptionnellement sorties des réserves du musée.
Des images anciennes...
Parmi les 25000 images que conserve le musée, un choix a été fait par l'équipe du musée pour présenter les cent soixante dix plus remarquables images de la collection. C’est un choix " Coup de cœur " entièrement subjectif. En effet, comment définir la " beauté " d'une image, sinon par ses références, le souvenir qu'elle évoque,… le sens qu'on lui attribue grâce à notre culture esthétique et historique. Les images anciennes et contemporaines parlent de la multiplicité et de l'originalité des centres imagiers français et étrangers. L'exposition donne un aperçu de l'extraordinaire variété de la production imagière en Europe, du 17ème siècle à aujourd'hui : Bassano en Italie, Augsbourg et Nüremberg en Allemagne, les graveurs de la rue Montorgueil à Paris au 17ème et ceux de la rue Saint-Jacques aux 18ème et 19ème siècles, les grandes imageries françaises du 18ème : Orléans et Chartres, et surtout un panorama des nombreux centres du 19ème : Beauvais, Belfort, Montbéliard, Toulouse, Nantes, puis Wissembourg, Metz, Strasbourg, Pont-à-Mousson, Jarville et bien sûr Epinal…Elle montre aussi l'extraordinaire variété de ses thèmes : saints patrons, rois et reines, grands thèmes traditionnels, soldats, images d'enfants, la Bible, faits divers et histoires…
...et des œuvres contemporaines
Des œuvres d'artistes contemporains, prêtées par le Fonds National d'Art Contemporain, six Fonds Régionaux d'Art Contemporain, L'Evêché de Lille, le Conseil Régional de Lorraine, le Musée des Beaux Arts de Nancy, et une artiste Gladys, accompagnent ces images populaires : Suzanne Lafont, Annette Messager, Glen Baxter, Gérard Collin-Thiébault, Joachim Mogarra, Hans-Peter Feldmann, Joan Fontcuberta, Bernard Faucon, Jochen Gerner, Philippe Favier, Joseph Koudelka, Teun Hocks, Jean-Luc Tartarin et William Wegman… Dans le choix de ces oeuvres, il ne s'agit pas de faire de la citation, mais plutôt de souligner qu'à travers les temps, des imaginaires identiques se répondent, avec des moyens d'expression différents, mais des références et des thématiques communes.
La mise en scène de l'exposition a été confiée à Sylviane Michel, avec un autre regard sur les images d'hier. A travers ses dessins, elle apporte des éléments clés pour mieux comprendre le sens des images et ce pourquoi elles ont été choisies. Son travail sur la scénographie donne aussi une cohérence à l'exposition qui présente une grande diversité d'images. Chaque vitrine reflétant l'univers d'un centre imagier et d'une époque, le dessin est le fil conducteur qui permet au visiteur de passer facilement d'un univers à l'autre.
Gladys, Tête-Archéologie du présent
Du 1er juillet au 3 décembre 2006 les photographies de Gladys inaugurent la nouvelle petite salle d'accrochage. Cette très belle série en noir et blanc, Tête-Archéologie du présent ,dont le thème est la ressemblance, répond aux interrogations du musée sur la permanence des modèles et des thèmes. Le point de départ de ce travail a été une recherche de correspondances, en Europe, entre les visages du présent et les visages de son passé, de son histoire, à travers les formes de la peinture et de la sculpture. J’'avais été frappée dit Galdys, par l'actualité du visage de Sir Thomas More, par Holbein Le Jeune, comme celui d'un homme que j'aurais pu croiser dans la rue aujourd'hui. Un jour, j'ai vu " Giacometti " pressé dans le métro…. Portraits de statues antiques, portraits de personnes d'aujourd'hui, j'ai envisagé une confrontation. En éditant ce travail, face à cette juxtaposition des visages, m'est apparue alors l'évidence d'une force commune à tous. Par l'abandon du regard, le visage ne reflète plus de sentiments particuliers, mais une universalité. Une seule tête de statue, comme en "pré-face" à l'ensemble de ces dix portraits. Une tête qui suffit, par son regard, telle une gorgone, à figer les vivants, à faire de leur grain de peau un grain de marbre.
Illustration : Gladys ,série Tête-Archéologie du présent
PUBLICATION
Catalogue de l’exposition L'Amour des images 300p., ill coul. Édition du Musée de l’Image(août 2006), 20€
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