La religion et la société gauloises sont encore trop souvent vues à travers le prisme d’une célèbre bande dessinée qui reflète les principaux clichés diffusés au XIXe siècle. Or tout ce que l’on croyait savoir sur la religion des Gaulois se trouve aujourd’hui remis en cause par le travail des archéologues et des historiens C’est ce que révèle cette exposition en confrontant tous ces poncifs aux derniers acquis de la recherche. Connaissances astronomiques, mythologie et principales divinités, druides, lieux de culte et rites sacrificiels y sont abordés au travers d’objets rares issus des collections nationales et européennes, des ambiances audiovisuelles et la reconstitution grandeur nature de plusieurs sanctuaires gaulois et des rites qui s’y déroulaient
Une religion savante
La religion celtique est avant toute savante. Comme beaucoup d’autres, elle se fonde sur l’observation du ciel : c’est le mouvement des astres qui a organisé la vie sur terre. Les prêtres gaulois possédaient de sérieuses connaissances en astronomie et en astrologie, comme en témoigne le chaudron en argent de Gundestrup, décoré de personnages, d’animaux et de scènes symbolisant des constellations dont ne copie géante est présentée. En parcourant une galerie circulaire le visiteur peut découvrir les dieux des Gaulois, Taranis, Belenos, Toutatis, Belisama, Lug : statuettes sacrées, armes et bijoux décorés de mystérieux visages, d’animaux fabuleux, monnaies d’or figurant des personnages et des scènes mythologiques
Les sanctuaires
Les cérémonies religieuses avaient pour cadre de grands sanctuaires, dont l’existence a été révélée il y a moins de trente ans. Construits en terre et en bois, ces lieux de culte présentaient un aspect très proche de ceux du monde grec ou romain. L’exposition propose pour la première fois, la restitution grandeur nature du sanctuaire de Gournay-sur-Aronde, en Picardie, un ensemble architectural remarquable et le seul qui ait été entièrement fouillé. On y a ajouté des offrandes réelles - armes, animaux sacrifiés, stèles, monnaies et torque en or- issues des fouilles du sanctuaire de Ribemont sur Ancre, dans la Somme, autre complexe exceptionnel, édifié au début du IIIe siècle av. J.C., à l’endroit d’une importante bataille opposant 10 000 fantassins et cavaliers de deux ethnies gauloises. Il abritait des armes des chevaux, des chars et au moins 500 cadavres de guerriers. Pas de crâne. Chaque guerrier prenait immédiatement sur le champ de bataille le crâne de l’ennemi qu’il venait de tuer. On retrouve ces crânes humains à l’intérieur même de maisons. Ils décoraient aussi les sanctuaires et souvent les remparts, où ils écartaient symboliquement les forces hostiles.
Une religion au cœur de la vie publique
Loin de correspondre à une pratique secrète, dissimulée au fond des bois, la religion des Gaulois s’inscrit au cœur de la vie publique. La dernière partie de l’exposition replace ses pratiques dans l’environnement urbain et politique des cités gauloises : les grands sanctuaires publics du Titelberg au Luxembourg, d’Acy-Romance dans les Ardennes et de Corent en Auvergne y sont présentés par des maquettes et des reconstitutions grandeur nature de leurs principaux aménagements. Des objets divers, monnaies, armes miniatures, rouelles en métal, ossements animaux, céramiques témoignent des différentes activités exercées sur les sanctuaires de la fin de l’âge du Fer (1er siècle av. J.-C.) : sacrifices, divination, libations et repas sacrés, mais encore assemblées politiques, élections, artisanat, foires et marchés...
Illustration : Gobelet en argent de Lyon représentant plusieurs scènes mythologiques
PUBLICATION
Pour compléter et élargir la thématique de l'exposition, le Département du Rhône
et le Musée gallo-romain de Lyon-Fourvière éditent La religion dans les sociétés gauloises.Ouvrage collectif 23 x 28 cm , 256 Pages,
parution : juillet 2006 Éditeur : ERRANCE Prix : 30 €
|