NOS EXPOSITIONS DE L'ÉTÉ
DÉPÊCHEZ VOUS,
ELLES VONT FERMER !
On a vu beaucoup d'expositions originales ce printemps en Europe. Certaines ont demandé des années d'efforts comme celles consacrées au surréalisme à Londres ou à Gentile da Fabriano dans sa ville natale. Elles sont encore ouvertes pendant quelques jours : si les vacances sont avec vous, il est grand temps d'y courir !
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GENTILE DA FABRIANOFABRIANO - La ville de Fabriano est mondialement connue pour la qualité de son papier. Elle est également fière d'avoir vu naître un maître de la Renaissance, représentant du "gothique international", amateur de décors précieux, et lui dédie la première rétrospective jamais organisée. Une trentaine de retables de Gentile da Fabriano sont exposés, à côté d'œuvres de ses contemporains comme Masaccio, Ghiberti, Masolino da Panicale ou Fra Angelico. Des itinéraires thématiques, sous l'appellation "Terre del Gentile", permettent de parcourir cette belle région des Marches ouverte sur l'Adriatique. Le site (en italien) de l'exposition www.gentiledafabriano.it BATAILLE DE DOCUMENTSLONDRES - C’est une bien alléchante exposition que propose la Hayward Gallery. Poussant avant le discours ambiant sur le surréalisme, elle le fait en s’intéressant de près à l’un de ses « ennemis de l’intérieur », Georges Bataille, et plus précisément à sa revue Documents, publiée en 1929-1930 avec le soutien financier du galeriste Wildenstein. Dans ses pages, l’art primitif, la sculpture, le cinéma, la musique contemporaine (Stravinski) y étaient étudiés avec une intention affichée : montrer que la création artistique n’a jamais été le processus désincarné et automatique défendu par André Breton mais qu’elle plonge ses racines – et profondément - dans des ressorts qui sont la mort, la sang, le sexe. Les commissaires ont joué les enquêteurs, recherchant chacune des œuvres qui illustraient la revue. Malgré la difficulté de convaincre des prêteurs pour un événement qui n’est pas une banale exposition monographique, ils ont réussi à en réunir près de deux cents : des Mirò (dont une Composition du musée de Grenoble), un collage de Picasso (Trois Danseuses), des photos d’Eli Lotar (sur les abattoirs de la Villette), une Tête-moustache et bouteilles de Hans Arp, un masque africain, etc. Autant d’œuvres qui dessinent un portrait en creux du surréalisme, loin de la ligne officielle Breton qui n’aimait guère se colleter avec notre part d’ombre… La présentation de l'exposition www.hayward.org.uk/current_exhib_detail.asp?i=299 SANTIAGO SIERRAMALAGA – Santiago Sierra s’est fait un nom pour ses installations et performances provocantes. Elles sont rarement acceptées sans remous et les musées qui les accueillent ne peuvent manquer d’avoir quelques sueurs froides. Le Centre d’art contemporain de Malaga relève le défi alors que l’on a encore en mémoire l’épisode de la synagogue de Pulheim, près de Cologne. Pour dénoncer la « banalisation de la mémoire de la Shoah », Sierra l‘avait transformée en chambre à gaz, alimentée par les pots d’échappement de six voitures, que les visiteurs parcouraient avec des masques. L’exposition a été fermée dès son inauguration, le 12 mars. A Malaga, Santiago Sierra présente le produit de sa performance de l’automne 2005 à Bucarest, « le Couloir de la Maison du Peuple ». Photos, vidéos et grands diptyques y montrent des centaines de femmes mendiant en répétant mécaniquement « Donne-moi quelque chose ». L’artiste prévoit en outre une intervention spéciale pour compléter ce projet sur les méfaits de la dictature. Le site du CAC Malaga www.cacmalaga.org/00.htm GILBERT & GEORGEMAASTRICHT - Le duo anglais statufié mais toujours provocateur : c'est ce que prouve sa dernière exposition en terre batave. L'ensemble intitulé Sonofagod Pictures - Was Jesus a Heterosexual ? a été créé en 2005 et présenté en début d'année 2006 à la galerie londonienne White Cube. Son esthétique très colorée est à la croisée de plusieurs influences a priori antagonistes : les entrelacs celtiques, les vitraux des cathédrales, les symboles chrétiens (la Crucifixion) et profanes (le fer à cheval). Et pose une question qui aurait été sacrilège il n'y a pas si longtemps - Jésus était-il hétérosexuel ? - mais qui, après le passage du Da Vinci Code, vous a un simple goût de déjà vu… C'est en tout cas une bonne occasion de visiter Maastricht, qui n'existe pas qu'au mois de mars, lorsque s'y tient le TEFAF, sa célèbre foire d'antiquaires.
Quelques unes des œuvres exposées /www.bonnefanten.nl/engels/tentoonstellingen/gilbert-george.htm L'ENVOLÉE LYRIQUE, 1945-1956PARIS, MUSÉE DU LUXEMBOURG - Paris cosmopolite ? On pense aussitôt aux Années folles ou à l'entre-deux-guerres. Bien que moins connue, l'Ecole de Paris qui s'épanouit après la Libération est, elle aussi, superbement internationale. S'y côtoient des créateurs venus des quatre coins du monde, sous la bannière de l'abstraction lyrique : le Chinois Zao Wou-ki, les Allemands Hans Hartung et Wols, la Portugaise Vieira da Silva, les Russes Lanskoy et Poliakoff, mais aussi Atlan, Debré, Soulages, Schneider, le très fougueux Mathieu et le trop méconnu André Bissière. Rompant avec sa politique de valeurs sûres (Raphaël, Botticelli, Gauguin), le Musée du Luxembourg ose une exposition plus originale donc plus " difficile ". A saluer ! Lire l'article sur : /www.artaujourdhui.info Le site du musée du Luxembourg www.museeduluxembourg.fr CHAISSAC, UN HOMME DE LETTRESPARIS - Le musée de la Poste s’intéresse particulièrement à la place de l’écrit dans l’art. Gaston Chaissac lui apporte à cet égard une contribution exemplaire. En réunissant plus de 200 œuvres - tableaux, collages, lettres et dessins inédits - cette exposition met en valeur les lettres de Chaissac et de son réseau de correspondants en tant que missives, aussi bien que les lettres en tant que composantes de l’écriture dans ses peintures et dans ses collages. C’est en outre l’occasion d’évoquer une vingtaine de ses correspondants, célèbres ou anonymes, à travers une œuvre, une photographie et des missives. Lire l'article sur : /www.artaujourdhui.info REMBRANDT (1606-2006), FLORILÈGE DES COLLECTIONSVEVEY - Le Cabinet cantonal des estampes possède une collection de plus d’une centaine de gravures de Rembrandt - un des plus remarquables ensemble dans un musée suisse - constituée au siècle dernier par trois amateurs éclairés, et régulièrement enrichie depuis. Il en présente un florilège à l’occasion du 400e anniversaire de la naissance de Rembrandt. L’exposition propose un parcours chronologique, dans lequel les étapes de la vie de Rembrandt offrent un écho à la réalisation de ses chefs-d’œuvre gravés. Lire l'article sur : www.artaujourdhui.info L'ACTIONNISME VIENNOISVIENNE – A côté de ce que les actionnistes viennois ont eu le cran de faire en termes de happening contre la morale bourgeoise – incluant sang, excréments, sperme – toutes les autres performances de l’après-guerre pâlissent. C’était les années soixante mais, en pleine libéralisation des mœurs, les interventions de ces militants de l’extrême n’étaient pas du goût des autorités : après la séance Art et Révolution à l’université de Vienne, en 1968, Günther Brus et Otto Muehl, sous le coup de poursuites judiciaires, durent s’enfuir à l’étranger. L’un des membres du groupe, Rudolph Schwarzkogler, ira encore plus loin, faisant de son suicide une ultime performance, en 1969. Les photos, films et œuvres présentées appartiennent au galeriste Julius Hummel, le principal collectionneur du mouvement. La présentation de l'exposition www.mumok.at/index.php?cid=518 LES PLÂTRES DE GIACOMETTIZURICH – La lente résolution des imbroglios sur la succession Giacometti nous apporte une bonne surprise. La Kunsthaus de Zurich nous dévoile 75 plâtres de l’artiste suisse, qui sont presque vierges de tout regard. Ils se trouvaient en effet dans l’atelier parisien de la rue Hippolyte-Maindron (14e arrondissement) lorsque Giacometti le quitta définitivement en décembre 1965. Après sa mort le mois suivant, les plâtres furent stockés par sa veuve Annette puis se trouvèrent au cœur du long conflit entre la famille suisse et les exécuteurs testamentaires d’Annette, chargés d’établir une fondation en France. Ce n’est qu’en avril 2004 qu’un partage put être effectué. Voici donc, entre autres, Femme couchée ou Objet désagréable à jeter, dans leur version intermédiaire : ce n’est plus le premier jet imprimé dans l’argile molle et pas encore la version finale en bronze. Considérant les repentirs de Giacometti, sa répugnance à considérer une œuvre achevée, ils revêtent une signification particulière. /www.kunsthaus.ch/cgi-bin/kunsthaus?ID=62NHctRHZmQAAH16OWkAAAAf&Q=&S=3:1:2246;:::8:::1::&P=0&MT=main |