En associaton avec le Sprengel Museum de Hannovre et la Niki Charitable Art Foundation – qui administre la succession de Niki de Saint Phalle et de Jean Tinguely – le Musée Tinguely a monté cette exposition originale sur les “Bonnie and Clyde de l’Art”, l’un des couples les plus célèbres et les plus passionnants de l’art moderne. Leur étroite collaboration y est montrée à travers leurs œuvres communes et individuelles – originales, lorsqu’elles ont pu être transportées, ou via des maquettes, photos, dessins ou affiches -, leurs partenariats artistiques et, bien sûr, leur relation personnelle.
Deux cheminements artistiques
Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely faisaient partie des “Nouveaux Réalistes”, le mouvement créé en 1960 par Pierre Restany, qui réunissait des artistes comme Yves Klein, César, Christo ou Daniel Spoerri. À Paris ils ont aussi rencontré de jeunes artistes américains - Jasper Johns, qui a participé en 1961 à une exposition des films de Niki de Saint Phalle, et Robert Rauschenberg avec lequel ils ont tous deux collaboré à des happenings théâtraux. Lorsque Jean Tinguely est arrivé à New York pour la première fois en 1960 pour créer son Hommage à New York autodestructif au MOMA, il y était déjà bien connu comme l’artiste qui avait réinventé le mouvement dans l’art, et les films de Niki la rendirent célèbre l’année suivante. L’exposition retrace leur cheminements artistiques depuis leur tout début dans les années cinquante jusqu’à la fin de leurs carrières
Tu pourrais mettre quelques plumes à tes trucs...
Un des aspects les plus intéressants de la vie de ces deux artistes est leur collaboration. Ils pouvaient agir l’un pour l’autre comme assistant, conseiller, apporteur d’idées, co-créateur. L’assistance technique n’était pas marchandée, Tinguely soudait souvent les structures de fer des grandes sculptures de Niki. Pas plus que les suggestions créatrices, dont la plus célébre est restée Tu pourrais mettre quelques plumes à tes trucs... qui amena Tinguely à créer son plus important groupe Baloubas. Ils ont fait des sculptures communes, comme Assemblage avec Voiture de pompiers en 1960, Portrait sur patins à roulettes en 1961, le monumental HON au Moderna Museet en 1966, l’encore plus écrasant Cyclop, ou le Jardin de Tarots de Niki. Il y a eu les films de Niki, pour lesquels Tinguely jouait un rôle important, et les happenings de Tinguely au début des années soixante, dans lesquels Niki était présente et active, ou encore les happenings où tous deux intervenaient avec d’autres artistes comme Robert Rauschenberg, John Cage, David Tudor ou Nicolas Petit.
Une aventure amoureuse
Les deux artistes, tout au long de leur vie, ont multiplié les échanges de lettres - entre eux mais aussi avec quantité d’autres correspondants comme Pontus Hulten, leur ami de toujours. Dans les lettres qu’ils s’envoyaient, leur étroite relation apparait constamment, en même temps que l’évocation de leurs très nombreuses autres amitiés. Ils parlent de projets artistiques, de leur vie, des joies et des peines de l’amour. Les lettres et les écrits en partie publiés de Niki de Saint Phalle reflètent une aventure amoureuse entre deux personnalités radicalement indépendantes. En dehors des œuvres sur papier, qui appartiennent aux collections du musée Sprengel et du musée Tinguely, les organisateurs ont eu accès aux archives personnelles de Niki, et l’exposition montre pour la première fois nombre de ses lettres et écrits très personnels qu’elle avait toujours conservés secrets.
Illustration : Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely dans le Jardin des Tarots, Garavicchio, 1989 © Niki Charitable Art Foundation, San Diego 2006 © Photo: Giulio Pietromarchi
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