Ces expositions-dossier réunissent des œuvres appartenant à la collection du Musée, ainsi que quelques œuvres prêtées par le Musée Lorrain ou des collectionneurs privés. L’Art japonais, ou la reliure selon Victor Prouvé et Camille Martin présente pour la première fois les deux importantes reliures acquises en 2005 par le musée de l’Ecole de Nancy. Avec Emile Gallé et l’affaire Dreyfus, le musée propose, à l’occasion du centième anniversaire de la réhabilitation du capitaine Alfred Dreyfus, une exposition sur l’engagement d’Emile Gallé dans "l’affaire."
L’ART JAPONAIS ou la reliure selon Victor Prouvé et Camille Martin
L’exposition des deux volumes de L’Art Japonais reliés par les artistes nancéiens - dans le bureau Masson de Jacques Gruber, au 1er étage du musée - permet de mettre en parallèle pour la première fois les dessins préparatoires et les œuvres définitives, et ainsi de découvrir le processus créatif de ces reliures. Ces pièces exceptionnelles n’ont pas été présentées au public depuis leur exposition au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts de 1893.
Le japonisme
L’ouvrage de Louis Gonse, publié en 1883, est une référence pour l’histoire de l’art et surtout pour la mode du Japonisme. Partout en Occident, se révèle une véritable vogue pour l'esthétique japonaise des couleurs et du raffinement, qui influence notamment la création picturale contemporaine et fait éclore un réseau actif d'amateurs, d’artistes, de marchands ou de collectionneurs..La présence à Nancy entre 1885 et 1888 d’un étudiant japonais, Takashima Hokkai, proche des artistes nancéiens, met à leur portée la connaissance de cette lointaine civilisation..Victor Prouvé a d’ailleurs constitué une collection d’estampes japonaises, rassemblant quelques exemples de la production des maîtres de l’ukiyo-e dont une petite sélection est présentée aujourd’hui.
Des reliures emblématiques
Dans le mouvement de rénovation des arts décoratifs qui éclot à Nancy à la fin du XIXème siècle, tous les domaines de la création artistique se voient abordés par les acteurs de l’Art nouveau nancéien et celui de la reliure et du travail du cuir connaît, avec Victor Prouvé, Camille Martin et le libraire-relieur René Wiener, une exploitation particulièrement heureuse. Ces reliures sont emblématiques des révolutions techniques et artistiques apportées par le trio nancéien, avec le développement d’une image sur l’ensemble du cuir, traité en mosaïque et pyrogravure. En entrant dans les collections du musée, elles permettent d’enrichir un fonds constitué de reliures et d’objets en cuirs réalisés à Nancy pendant une vingtaine d’années, attestant d’un intérêt tout particulier pour cette matière.
ÉMILE GALLÉ ET L’AFFAIRE DREYFUS
Cette exposition, qui illustre les multiples aspects du combat d’Émile Gallé en faveur du capitaine Dreyfus, est présentée dans la petite galerie du verre du Musée. D'autres œuvres, demeurées dans les collections permanentes, sont signalées au visiteur. Des verreries - les vases Hommes Noirs, Le Figuier, les vases Heracleum et Flambe d’Eau…- et des pièces de mobilier sont mises en relation avec les dessins, documents, écrits préparatoires et photographies de l’exposition Universelle de 1900
Deux histoires parallèles
L’histoire de l’affaire Dreyfus est parallèle à celle de l’Ecole de Nancy. Le capitaine Dreyfus est arrêté, puis condamné, quand les artistes nancéiens d’art décoratif exposent pour la première fois, en 1894, aux Galeries Poirel. L’affaire atteint son point culminant quand l’Ecole de Nancy se structure, et elle connaît son issue juridique, avec la réhabilitation du capitaine Dreyfus, deux ans après la mort d’Emile Gallé. Et, comme le mouvement nancéien, le dreyfusisme est emporté par la première guerre mondiale.
Cette correspondance chronologique montre que le contexte politique dans lequel s’est développée l’Ecole de Nancy était très marqué, notamment à Nancy qui fut une des villes de province les plus secouées par l’affaire.
Dans les pas d’Émile Zola
L’engagement Dreyfusard d’Emile Gallé est bien connu. Son ardeur et son ampleur le sont moins. Convaincu assez tôt de l’innocence du capitaine Alfred Dreyfus, Emile Gallé entre en dreyfusisme dans les pas d’Emile Zola, en janvier 1898. Son engagement va être aussi intense que multiple. L’artiste crée des œuvres de combat. L’industriel les édite en petite série. Le citoyen pétitionne, manifeste, polémique avec les journaux, échange et correspond avec Zola et les autres personnalités dreyfusardes. Le militant politique contribue à la création de la Ligue des Droits de l'Homme et du Citoyen, du parti républicain, du journal dreyfusard l’Etoile de l’Est et de l’Université Populaire. Ses créations en rapport avec l’affaire Dreyfus forment une œuvre de combat. Il recourt à la force du verbe et du symbole, sur le mobilier comme sur le verre, tandis que ses verreries alternent entre la lumière, porteuse d’espoir et de justice, et un sombre pessimisme. Il prend des risques personnels et financiers importants en transformant son stand, à l’exposition Universelle de 1900, en une tribune dreyfusarde.
Illustration :Emile Gallé, vase Les Hommes Noirs, 1900, Musée de l’Ecole de Nancy. Cliché Claude Philippot
PUBLICATION
Petit Journal de l'exposition. Gratuit
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