Avec une centaine d’œuvres prêtées par différents musées et des collectionneurs privés réunies autour de sa propre collection, le musée de Brest consacre une exposition aux mouvements artistiques qui ont trouvé, à la fin du XIXème siècle, autour de l’aventure de Pont Aven et Gauguin, un ancrage privilégié en Bretagne.
La Bretagne, terre d’élection du symbolisme
Qu’elles soient de peintres nabis ou de l'école de Pont-Aven, d’ "Intimistes et Visionnaires", d’artistes de la Bande noire ou du salon de la Rose+Croix, les œuvres de la collection du musée démontrent les particularités et l'originalité du mouvement symboliste en peinture. L'exposition permet avant tout une mise en perspective de cette collection, pour mieux la situer dans son époque et faire émerger les préoccupations artistiques, mais aussi philosophiques ou mystiques qui la sous-tendent. Elle situe aussi la Bretagne comme terre d'élection de ce mouvement artistique.
Une expression toute personnelle
Autour des Symbolistes et des Nabis du musée de Brest, une centaine d’œuvres significatives d’Alexandre Séon, comme Le poète, d’Ary Renan et d’Edgar Maxence. L’âme de la forêt, permet de percevoir la démarche de ces artistes qui ont su dépasser la leçon de leurs maîtres pour aboutir à une expression toute personnelle, proche de celle des préraphaélites anglais. L’exposition est ainsi l’occasion de confronter aux Nabis, tel George Lacombe, précurseur d’une certaine abstraction, les tenants d’une Bretagne plus onirique, plus mystique aussi dans ses paysages désolés qui ont toujours conquis les peintres, dans ses camaïeux de couleurs propres à l’évocation d’états d’âme mouvants.
Des peintres de l’âme
Une place toute particulière est donnée à quatre d'entre eux : Lucien Levy-Dhurmer (1865-1953), l’auteur d’étonnants pastels fantastiques comme Ma mère, un soir, a vu la ville d’Ys , Edgar Maxence (1871-1954), peintre de jeunes filles aux visages recueillis et emprunts de douceur rêveuse, Ary Renan et Alexandre Séon. Ces artistes, en réaction au naturalisme et au réalisme académique, dans une autre recherche que les Impressionnistes, se font les peintres de l’âme. Au-delà du regard, ils s’adressent à l’imaginaire et à l’esprit
Le droit au rêve
Qu’ils soient restés fidèles à une formulation traditionnelle, qu’ils aient été convertis un temps par la rénovation plastique dont Gauguin et Bernard ont été les instigateurs, qu’ils soient très délibérément revenus vers une forme classicisante après ce passage, tous ces artistes répondent dans leur diversité au critique Albert Aurier qui revendiquait le droit au rêve, le droit aux pâturages de l’azur, le droit à l’envolement vers les étoiles niées de l’absolue vérité.
Beaucoup de recherches restent à faire pour mieux les connaître dans leurs motivations, leur travail et aussi leurs rapports avec une province qu’ils ont, parfois longtemps, privilégiée. Ces peintres sont à redécouvrir.
Illustration : Edgar MAXENCE, L’âme de la forêt. Huile sur toile. Musée des Beaux-Arts de Nantes, dépôt du Fonds national d'art contemporain. Photo RMN / © Gérard Blot
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