Adepte inconditionnel de la peinture en plein air, François Bocion (1828-1890) est à bien des égards l'équivalent suisse du maître des côtes normandes, son contemporain Eugène Boudin. Comme lui peintre de l’eau et du ciel, Bocion veut transcrire sur le vif une lumière et des effets atmosphériques fugaces. Ses paysages sont rarement dépourvus de présence humaines : s’intéressant à toutes les activités, tous les métiers du lac, le Vaudois exploite à l’instar du Normand une thématique originale, entre la scène de genre et le paysage, en incorporant à ses marines le spectacle des loisirs de la bourgeoisie. Cette rétrospective, conçue par le Musée Jenisch et présentée exclusivement à Vevey, renouvelle fondamentalement la compréhension de Bocion a travers quelque 160 œuvres - 90 peintures et 70 dessins - provenant de grandes collections publiques et privées.
Le peintre du Léman
Après une enfance entre Lausanne, Montreux et Vevey, Bocion fréquente l’Académie de Charles Gleyre à Paris. De retour en 1848 à Lausanne, il est nommé professeur de dessin à l’École industrielle cantonale où il enseignera jusqu’à sa mort. Rare peintre vaudois du XIXe siècle à avoir accompli une carrière à Lausanne, Bocion explore les charmes du lac, ses travaux et ses jours. Il en observe les variations d’humeur, l’ensemble de ses métamorphoses atmosphériques et chromatiques qu’il consigne dans des œuvres parfois très libres, jusqu’à devenir pour la postérité « le peintre du Léman ». Le lac sera son domaine, un sujet idéal dont il multiplie les portraits pour ne le délaisser qu’à l’heure des vacances quand, périodiquement, il s’évade dans la lagune de Venise ou sur la Riviera ligure.
De Monet à Courbet
S’il reste au seuil de l’impressionnisme, plusieurs éléments le rapprochent clairement de Claude Monet, de douze ans son cadet, qui a, comme lui, suivi l’enseignement de Gleyre et sait tirer parti des reflets aquatiques et des effets de la lumière à différentes heures du jour. À côté d’un ensemble de chefs-d’œuvre retraçant l’évolution picturale et graphique de Bocion, l'exposition propose des rapprochements significatifs avec les maîtres qui ont nourri son art (Camille Corot, Barthélemy Menn, Charles Gleyre), éclairent sa démarche (Eugène Boudin, Claude Monet) ou perpétuent sa leçon (Eugène Grasset, Félix Vallotton). Sans oublier Gustave Courbet - en exil à La Tour-de-Peilz de 1873 jusqu’à sa mort en 1877- , avec qui il se lie – les deux amis auraient planté le chevalet côte à côte sur le motif –et dont il sera désigné pour expertiser l’atelier en 1877.
Illustration : Claude Monet Bateaux à Honfleur. Étude pour ‘Le port d’Honfleur’,< 1866
Collection particulière, Suisse
PUBLICATION
Catalogue François Bocion : Au seuil de l’impressionnisme, 224 p, 215 ill. coul. 24 x 28 cm Coédition Musée Jenisch, Vevey et 5 Continents Editions, Milan Prix : Fr. 56.- / 35 €
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