Michel Gérard développe depuis une trentaine d'années une trajectoire originale dans l'univers de la création contemporaine. Plus connu pour son activité de sculpteur, l'artiste s'engage parallèlement dans une recherche graphique exploratoire et très liée à ses cheminements personnels. Le musée départemental, qui possède dans ses collections permanentes quatre sculptures et trois dessins, poursuit le dialogue engagé avec l'artiste - vingt-trois ans après l'exposition organisée en 1983 par son conservateur Bernard Huin - et donne à travers cette exposition une lecture nouvelle de son parcours artistique.
La première rétrospective de son œuvre graphique
Le travail du dessin a toujours été pour moi parallèle à celui de la sculpture. Le dessin comme moyen d'expression en soi et jamais comme étude nécessaire à la réalisation d'une sculpture. souligne Michel Gérard. Sa dernière exposition d'envergure The american decade : 1989-1999 fut co-organisée par le Neuberger Museum of Art à New York et par le Musée Sainte-Croix à Poitiers, en 2002 et 2003. La réunion de ces quarante-cinq "travaux sur papier", réalisés de 1975 à 2006, constitue la première rétrospective de son œuvre graphique, permettant aux visiteurs de découvrir une production, souvent de grand format, dont les matières brutes constituent les outils privilégiés.
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Du modernisme à l'art postmoderne
Né en 1938 à Paris, Michel Gérard, élève à l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1958 à 1963, a étudié la sculpture avec Zwobada à l'Ecole Nationale des Arts Appliqués de Paris. Il a participé à de nombreuses expositions personnelles ou collectives dans des musées et galeries. Il a enseigné en France et à l'étranger (Tours, Rutgers University of New Jersey, Cergy, Dijon), et vit à New York depuis 1989. Adoptant à l’origine le langage moderniste des formes, influencé par le Minimalisme et l’Arte Povera, il a développé son propre langage postmoderne. Son départ de Paris pour New York a renforcé cette évolution. Ses dessins et ses sculptures retracent le déclin de l’ère industrielle, l’arrivée de l’environnement post-industriel et des nouvelles technologies de l’information. Son travail se situe à un moment charnière de cette transition et marque le passage du modernisme à l’art postmoderne.
Microcosme et macrocosme
Pour Gérard-Georges Lemaire, " Michel Gérard procède par associations d’idées en rafales et chacune de ses œuvres porte en son sein une pluralité de connotations. C’est la nature même de leur dynamisme. Il ne peut aborder un champ d’expérience sans en dégager plusieurs niveaux d’interprétation. C’est ainsi qu’il associe étroitement le microcosme et le macrocosme, dessinant des astres et des planètes qui ressemblent à des cellules microscopiques. Cette ambiguïté sciemment cultivée a pour source première le caractère à la fois récurrent et donc éternel mais aussi éphémère et mouvant des cycles naturels. C’est en développant cette dualité qu’il définit une cosmologie qu’il postule comme une esthétique du vitalisme du monde sensible. "
PUBLICATION :
Catalogue de l'exposition, édité par le Musée chez Illustria, 80 pages, 59 illustrations couleurs, textes de Gérard-Georges Lemaire et Deborah Frizzell, disponible au musée et sur www.librairie-desmusees.fr Prix 20 €
llustration : Unit 3, pièce appartenant à l'oeuvre 6 Units (1993)
encre, crayons et pastel Photographie Gilles Larrain
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