Le charbon marque plusieurs siècles d'histoire industrielle et commerciale, tout particulièrement les XIXe et XXe siècles. Cette exposition présente pour la première fois des documents de 1773 à 1998, issus exclusivement des fonds des Archives nationales du monde du travail conservés à Roubaix, qui se rapportent à tous les bassins de houille français.
De la survie du mineur à la survie des mines
Le charbon symbolise tout à la fois le danger et la peur, le développement et le progrès social. La mine concrétise le mouvement de la population de la campagne à la ville, puis de l'étranger vers la France, les patrons des Compagnies faisant chercher sur place la main-d'œuvre nécessaire au développement des sites. La mine évoque des drames - catastrophes naturelles et catastrophes économiques - où l'homme occupe la place centrale dans la mort au travail et dans le combat des grèves, de la survie du mineur à la survie des mines. Elle évoque aussi les capacités techniques et scientifiques mises en œuvre pour exploiter une ressource longtemps indispensable. Pendant deux siècles, la mine mobilise le monde politique et social : Jaurès et les mineurs de Carmaux, Maurice Thorez et la bataille de la production, Mitterrand et les mineurs de Liévin... Elle mobilise aussi les arts : dans les années 1960, Marguerite Duras vient lire des textes littéraires - qui ne sont pas les siens - aux mineurs du Nord-Pas-de-Calais et parle avec eux de littérature.
La plus forte concentration d'archives minières
Au moment de la fermeture progressive des bassins à partir des années 1960, et bien que les fonds miniers soient alors protégés par la loi sur les archives, maints documents ont été emportés. On rapporte même que des puits, dont l'exploitation était arrêtée, ont été comblés par l'Administration avec les archives sur place. Malgré ce contexte difficile, les Archives nationales ont collecté régulièrement de nombreux fonds. Les séries conservées aux Archives nationales du monde du travail représentent sans doute la plus forte concentration existante d'archives minières en France : sur plus de 3 kilomètres, 37 fonds représentant les bassins de toute la France, et 32 fonds d'entreprises directement rattachées à l'exploitation minière, sans compter les fonds des compagnies privées de chemin de fer, qui participent aussi directement du développement minier français. La plus vaste sauvegarde a lieu en ce moment avec l'archivage aux Archives nationales du monde du travail des dossiers de Charbonnages de France en cours de fermeture fin 2007.
Thèmes et acteurs de la mine
Beaucoup a été écrit sur la mine et les mineurs. Le but de cette exposition n'est pas de retracer l'histoire exhaustive des mines et des mineurs, mais de mettre en lumière un très grand nombre de documents sortis de leur réserve et de les faire se côtoyer dans des séquences significatives et inédites que la consultation en salle de lecture ne permet pas. Plus de 400 archives sont présentées simultanément. Ce vaste panorama, organisé sur 900 m2, fait s'interpeller thèmes et acteurs de la mine : qui est propriétaire ? comment s'achète une mine ? quelles sont les machines du fond ? comment travaille-t-on ? où sont les mines en France ? de quelles catastrophes nous souvenons-nous ? pourquoi ferme-t-on les mines au maximum du progrès technique ? qu'est-ce que les grèves des mineurs ont apporté, à eux seuls ou à nous tous ? L'exposition traduit la nature des fonds d'archives : dossiers, correspondances, imprimés, cartes, dessins, rapports, registres comptables, affiches, photos, enregistrements sonores, films... Chaque séquence est organisée de manière chronologique pour en suivre les évolutions durant deux siècles et permettre la meilleure approche pédagogique possible.
Illustration : Action de la Société anonyme des charbonnages de Millau (Aveyron), 1925. Archives Nationales du Monde du Travail, collection Mondine Fabrer (cote 2004 041 003).
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