Le musée des beaux-arts de Séville et le musée Goya de Castres ont en commun de grands artistes espagnols - Pacheco, Murillo, Velázquez, Goya, etc. Ces ensembles remarquables témoignent de la vitalité artistique de l’Espagne, depuis le Moyen Âge jusqu'au XXe siècle, et rappellent son influence déterminante dans l'histoire de l'art européen. Si le dialogue entre les deux institutions est entretenu de longue date, par l'échange des connaissances, il se matérialise aujourd'hui dans un événement inédit en trois temps. Après Séville et Salamanque, Castres est l’ultime étape de ce Dialogue entre deux collections, réunissant quarante-deux chefs-d’œuvre du musée des beaux-arts de Séville et du musée Goya de Castres. La banque espagnole Caja Duero est le mécène de cet ambitieux projet.
Redécouvrir les ressorts du goût
Dans le domaine de l’histoire de l’art les expositions temporaires - essentielles pour la vie des musées – se préoccupent généralement de la carrière d’un artiste donné ou de l’évocation d’une période particulière dans l’histoire des civilisations. Les buts recherchés, fort louables, peuvent être une meilleure compréhension des mécanismes de la création ou la mise en évidence des apports de différents courants artistiques sur un pays, à un moment de son histoire. Il est beaucoup plus rare qu’elles se penchent sur un tout autre dilemme : l’éveil du sens critique, de ce que l’on nommait autrefois le « bon goût ». Et plutôt que de mettre en parallèle des artistes, comme cela s’est fréquemment produit ces dernières années – Picasso et Ingres, Manet et Velázquez – pourquoi ne pas rapprocher des collections prestigieuses disposant en leur sein de peintures d’une série de grands artistes ? C’est cette mise en regard qui a été souhaitée, voici presque deux ans, par le musée des Beaux-arts de Séville et le musée Goya de Castres et dont on voit ici le résultat.
Intéresser le public le plus large
Le principe retenu, d’un commun accord avec les équipes de conservation, demeure la présentation conjointe de peintures du XVIe siècle au XXe siècle issues de grands maîtres (Velázquez, Murillo, Valdés Leal, Goya, etc.) afin de susciter par la confrontation d’œuvres emblématiques l’intérêt du public le plus large mais aussi de permettre, dans des buts éducatifs et culturels, l’analyse comparative des styles, des évolutions de la palette colorée, de la façon de peindre toujours renouvelée chez les grands maîtres. Ainsi au-delà du caractère exceptionnel de cet échange qui doit associer deux prestigieuses villes d’Espagne à une ville de Midi-Pyrénées, l’accent peut être mis sur un travail de médiation auprès du public adulte ainsi que des scolaires.
42 chefs-d’œuvre: Murillo, Goya, Picasso...
Ce principe a été étendu pour certains cas particuliers (Antolínez et Coello ; Ríes et Ayala ; Barrón et Cortés...) à des artistes de même période dont le style pictural peut être considéré comme proche. Cette comparaison renoue dans son esprit avec ce postulat en vigueur au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle dont nous avons parlé plus haut. La sélection, particulièrement soignée, autorise une présentation de quarante-deux toiles dont certaines sont universellement connues (L’Annonciation d’Alejo Fernández, Sainte Marine de Zurbarán, La Vierge du rosaire de Murillo, le Portrait de Philippe IV de Velázquez, les portraits de Francisco del Mazo et de José Duaso par Goya...). Dans le catalogue de l’exposition, les notices rédigées par les équipes scientifiques de Séville et de Castres intègrent cette dimension comparative, chose assez nouvelle dans la structure même des expositions temporaires. Un riche programme culturel, comprenant notamment des conférences et des projections, accompagne la manifestation.
Illustration : Domínguez Bécquer, Valeriano (1833 - 1870) Portrait de Gustavo Adolfo Bécquer, C.1862, Huile sur toile, 0,73m x 0,60m, Collection musée des beaux-arts de Séville
|