L’exposition, qui rassemble 134 œuvres du maître d’Ornans, porte sur l’apologie de la nature – végétale, animale ou humaine - dans la production de Gustave Courbet (1819-1877) et de ses émules ou admirateurs. Dans chacune des 14 salles sont présentés des ensembles thématiques, associant aussi bien des peintures, que des dessins, des sculptures, des photographies ou des souvenirs personnels de Courbet. Outre les prêts de particuliers et de musées comme ceux de Besançon, Dole, Mulhouse, Le Havre et Orsay, les pièces exposées proviennent des collections du musée d’Ornans. Créé en 1971, il rassemble le fonds donné il y a un siècle par Juliette Courbet, la sœur du peintre, celui réuni par Les Amis de Courbet depuis 1937 et les acquisitions réalisées par le département du Doubs depuis 1976.
L’appel du paysage
Nature au sens propre, d’abord. On sait l’attachement de Courbet pour les paysages de sa région (que l’on peut d’ailleurs apercevoir des fenêtres du musée, qui n’est autre que sa maison natale), pour les forêts, pour les les rives ombragées et sauvages de la Loue, qu’il fréquentait chaque automne, même après son installation à Paris en 1839. Mais Courbet est également attiré par la mer, la Méditerranée qu’il rencontre en même temps que son mécène Bruyas de Montpellier, ou la côte normande, cette « mer sans horizon » qu’il découvre au Havre en 1841 et qu’il visitera assidûment à la fin des années 1860. Courbet peint sur le vif, en grande quantité. Ainsi, de 1864 à 1868, il réalise près de 180 scènes champêtres dans la vallé de la Loue. Marqué par les écoles du Nord et « n’ayant eu pour Maître et pour guide que (son) sentiment », il introduit un réalisme nouveau dans la peinture de paysage, qui n’est plus celle, idéalisée, des pâtres de l’Antiquité. Dans ce cadre, les animaux sont présents : Courbet pratiquait la chasse et assimilait les bêtes sauvages à ce grand ensemble de terre et d’eau, de forêts et de cascades qui forme l’environnement de l’homme.
Illustration : FN Feyen-Perrin Gustave Courbet peignant dans son champ
Les mystères de l’homme
Nature humaine, ensuite. Courbet, en cette époque de transition, de passage de l’économie rurale à l’industrialisation, s’intéresse à l’activité des hommes. Républicain de cœur, il suit les conquêtes de la révolution de 1848 et la réalité sociale de l’époque transparaît dans certaines de ses tableaux, comme dans L’Enterrement à Ornans. Il retranscrit la division du corps social en classes dans Les Paysans de Flagey, Les Casseurs de pierre ou Les Demoiselles de village. Dans le tableau-manifeste qu’est L’Atelier de l’artiste, il se décrit au cœur de la société : « Je suis au milieu peignant, à droite sont les amis, les travailleurs, les amateurs du monde de l’art. A gauche, l’autre monde de la vie triviale, le peuple, la misère, la pauvreté, la richesse, les exploités, les exploiteurs ; les gens qui vivent de la mort. » Le tableau sera refusé à l’Exposition universelle. La nature humaine, c’est aussi, évidemment, la femme, un thème que Courbet abordera de très nombreuses fois, tout à la fois aliment des rêves, objet de désir charnel, source de souffrance. Il osera la représenter dans une nudité scandaleuse pour l’époque, et qui choquera encore un siècle plus tard.
Apologie des sentiments
Le grand théâtre des passions, qu’il s’agisse de politique, de philosophie ou de religion, intéressera Courbet juqu’à sa mort, le dernier jour de l’année 1877. Une illustration particulière en est donnée avec la section sur le « Fait religieux » où l’on découvre un homme écartelé entre les images de foi qu’il peignit dans sa jeunesse (notamment des copies faites au musée du Louvre) et ses propres tableaux anticléricaux (comme le Retour de la conférence avec ses curés saouls). Homme de contradictions mais homme entier, Courbet s’investira à plein pour marquer l’opinion de son temps. Sa participation à la Commune, dont les conséquences assombriront ses dernières années, en est la parfaite illustration.
AUTOUR DE L'EXPOSITION
Le 2 juin : Journée du livre Courbet. Dans les jardins du musée, séance de signature des ouvrages récemment parus, par leurs auteurs respectifs : Michèle Haddad, Fabrice Masanès, François Dupeyron, Gérard Jaeger.
Le 23 juin à 18h : L’Œil de Courbet, spectacle de Pierre Louis avec le concours de Marie-Christine Barrault et du Centre d’animation du Haut-Doubs (CAHD). Prix d’entrée : 10 € pour les adultes, 8 € pour les élèves, étudiants, demandeurs d’emploi. Billets en vente à partir du 2 juin au Musée départemental Gustave Courbet et au Syndicat d’initiative et le 23 juin sur place.
Le 15 septembre : Circuit Courbet. Voitures et motos partiront en promenade du musée Courbet (départ à 10 h) jusqu’au musée Jenisch de Vevey (arrivée à 18 h) en passant notamment par la source de la Loue, le Saut du Doubs, et, en Suisse, La-Chaux-de-Fonds, le château de Chillon, La Tour de Peilz.
Les 15 et 16 septembre : Journées du patrimoine.
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