LES ANNEES 1950
L'ALTERNATIVE FIGURATIVE

Souvent oubliée par les critiques et historiens d’art, la jeune peinture figurative des années 1950 a intéressé de très près le galeriste clermontois Maurice Combe. Grâce aux donations successives de son épouse, le Musée d’art Roger-Quilliot s’est enrichi de 410 œuvres de ce courant pictural. L’occasion était ainsi idéale de rendre justice à ces artistes, « témoins de leurs temps », qui ont eu à cœur de défendre une alternative figurative face à l’abstraction conquérante, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, dans un pays caractérisé par de profondes inquiétudes existentielles. Ces peintres mûris précocement par les souffrances et les privations des années noires proposent une vision du monde où l’Homme, et non l’Idée, occupe une place centrale. En 65 tableaux, grâce aux prêts de musées ou de fonds privés, ils sont présentés dans toute leur variété.

Les Combe, des collectionneurs passionnés

Maurice Combe commence à être courtier en art dans les années 1940, puis tient galerie à Clermont-Ferrand et Paris. Il sait comprendre et catalyser les aspirations d’une société en plein bouleversement, qui passe de la précarité des années 1940 à la croissance économique des Trente Glorieuses. Homme ouvert, il fréquente ses pairs et les Salons et sait déceler des talents naissants comme Bernard Buffet, à qui il commande son portrait et celui de sa femme, Bernard Lorjou ou Paul Rebeyrolle. Si elle est le reflet des appétences d’une certaine classe, la bourgeoisie cossue, sa collection est aussi le témoignage sociologique d’une période de calme relatif entre deux époques de mutations accélérées. Maurice Combe décède en 1980 et c’est son épouse Simone qui lèguera au musée la collection assemblée en plusieurs décennies.

Les peintres de la synthèse

Ils exposent souvent ensemble chez les mêmes galeristes, Berri-Lardy ou Jacques Ratier même s’ils ne constituent pas un groupe à proprement parler. Ils travaillent seuls, refusant toute forme d’embrigadement, politique ou artistique. Ce qui les rapproche, c’est une palette chatoyante et l’héritage accepté du cubisme et du fauvisme. Tout en étant résolument figuratifs, ils ne négligent pas les apports de l’art informel. On compte parmi eux, entre autres, Jean Chevolleau, Camille Hilaire, Jean Marzelle, Marcel Mouly.

Les réalistes parnassiens

On les appelle « la bande à Besson » car ils sont très proche du critique des Lettres françaises, Georges Besson. Formés pour la plupart à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, sous l’autorité de Maurice Brianchon et de Marcel Gromaire, ils ne prétendent pas révolutionner la peinture mais exprimer une joie de vivre, un bonheur qui ont si cruellement fait défaut pendant des années. Ils ont pour nom Paul Aïzpiri, Guy Bardone, René Genis ou Raymond Guerrier.

Le courant expressionniste

Même si le terme n’a pas bonne presse en France, on peut considérer que s’affirme au lendemain du conflit mondial un courant expressionniste. Il s’exprime notamment par une « tentation misérabiliste » qui pousse à déformer la réalité pour la rendre sous un jour de tristesse. Le plus connu de ces interprètes est Bernard Buffet qui produit des personnages filiformes et ascétiques, des natures mortes sans victuailles. Lui font compagnie, exposés dans la chapelle des Ursulines, des artistes comme Jean Janssem, Claude Weisbuch, Bernard Lorjou ou Françoise Adnet. S’ils n’ont pas travaillé ensemble, ils ont fortement marqué leur génération.

Illustration : Jacques LAGRANGE L'aqueduc d'Arcueil, 1948, collection Hyacinthe Moreau-Lalande © ADAGP 2007 Crédits photographiques : archives Moreau-Lalande