Le plus grand musée de la mine en France s’attache à son devoir de mémoire en proposant un autre regard – aérien à travers les photographies de Pierre Cheuva – sur le patrimoine bâti et les traces laissées par des siècles d’exploitation minière. Mais il participe aussi au débat sur l’état de notre environnement en présentant une installation de l’artiste japonaise Shigeko Hirakawa, dans laquelle un arbre mime la photosynthèse de façon spectaculaire.
Etonnants paysages : le bassin minier vu par Pierre Cheuva
Avec l’invention de la photographie et les premières prises de vues aériennes réalisées dès 1858 par Nadar, depuis un ballon captif, le spectateur découvre une nouvelle vision de l’espace. Près d’un siècle et demi plus tard, le photographe Pierre Cheuva, captivé par la beauté de la région Nord/Pas-de-Calais qu’il connaît par cœur pour l’avoir sillonnée pendant vingt ans, marche sur les traces du pionnier de la photographie. Lors d’innombrables survols en hélicoptère, avec une parfaite connaissance du terrain et des conditions météorologiques favorables, il a accumulé plus de 6000 clichés du territoire vu du ciel. De là-haut, les points de repère sont abolis, les rapports de taille disparaissent, les formes s’aplatissent. Le privilège de l’altitude donne une dimension et une perspective supplémentaires à l’image.
Une mosaïque de couleurs, sans trucage
Vingt-six de ces photographies, réalisées durant les dix dernières années dans le périmètre du bassin charbonnier, trouvent naturellement leur place au Centre Historique Minier. Elles sont présentées sur des bâches grand format installées dans la zone boisée du musée. A l’heure où l’on fait si grand usage des retouches numériques, tout est au contraire vrai dans les images de Pierre Cheuva : aucun trucage, aucune intervention sur les couleurs ou sur la pellicule. Bien qu’il s’agisse de formes familières – terrils, fosses, cités ouvrières - le dépaysement qu’offre chaque image est total, composant une mosaïque de formes rectilignes ou sinueuses, de couleurs vives ou nuancées.
Shigeko Hirakawa et son arbre à photosynthèse
L’homme souffre de la pollution, la nature également. L’artiste japonaise Shigeko Hirakawa, dont le travail s’apparente à l’art environnemental, est peintre de formation. Mais elle a très vite pris en compte des éléments comme le soleil, l’eau et l’air pour construire chacune de ses œuvres, qui prennent la forme d’installations. Depuis 1989, elle intervient sur le paysage et interroge la relation entre l’homme et la nature, ainsi que toutes les problématiques écologiques qui s’y rapportent. Elément essentiel d’un projet intitulé Air en péril, l’installation Arbre à photosynthèse est présentée dans la zone boisée du Centre Historique Minier. Elle s’inspire d’une enquête de 1996 qui met l’accent sur deux phénomènes observés dans les forêts européennes : défoliation et décoloration des feuilles des arbres, dont une des causes serait la pollution atmosphérique.
L’œuvre n’est pas à proprement parler un plaidoyer contre la pollution mais une installation qui propose de colorer à nouveau les arbres afin d’attirer le regard sur ce qui n’est pas forcément visible. L’arbre, un charme, porte à ses branches 1500 disques de plastique contenant un pigment photochromique qui varie en fonction de l’intensité lumineuse. Il mime la photosynthèse en changeant de couleur : violet le jour, sous le soleil, blanc la nuit. Dans la journée, en fonction de l’intensité des rayons solaires qui le frappent, chaque disque prend une teinte unique qui dépend de sa position dans l’arbre. Symboliquement, la couleur matérialise la perte de chlorophylle. Cette installation, présentée dans le cadre du Centre de culture scientifique de l’énergie du Centre Historique Minier, attire efficacement l’attention sur la dégradation de nos forêts.
Illustration : Arbre à photosynthèse, installation de Shigeko Hirakawa © Shigeko Hirakawa
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